Ahhh, Steven Spielberg ! Probablement l’un des réalisateurs les plus connu au monde (si ce n’est le plus connu), et également un producteur prolifique (plus de 160 films, séries ou animations, presque toutes comme producteur exécutif). Après s’être fait la main sur plusieurs court-métrages et séries (dont un épisode de Columbo), il réalise son premier film, Duel, à l’âge de seulement 24 ans (!).
Malgré son jeune âge, un budget très serré et 13 jours de tournage, il s’affirme comme un réalisateur surdoué, multipliant les plans audacieux et rendant passionnante une histoire somme toute très simple. Et, en 1975, il réalisera le premier blockbuster de l’histoire (470 millions de dollars de recettes) avec Les dents de la mer.
Son talent lui permettra de toucher à énormément de styles (drame, horreur, science-fiction, comédie, aventures, historique, thriller, guerre, biopic,…) avec, presque à chaque fois, un excellent film (car oui, il y a aussi quelques ratés). Sur les 35 films qu’il a réalisés (or séries tv et courts-métrages), il a déclaré « Mon film le plus important a été La liste de Schindler, mais E.T., l’extra-terrestre est mon film le plus personnel ». Il aura fallu plus de 50 chroniques sur le site avant de parler d’un film de Steven Spielberg et c’est son film le plus personnel que nous allons aborder.
Dans les environs de Los Angeles, une soucoupe volante atterrit en pleine nuit avec des extraterrestres à bord. Ils viennent en mission d’exploration botanique (on le comprend assez rapidement en constatant les plantes à bord de la soucoupe).
Malheureusement, un des extraterrestres s’aventure un peu trop loin de la soucoupe, quand les militaires débarquent.
La soucoupe est obligée de s’envoler précipitamment, laissant sur Terre l’un d’entre eux. La banlieue de Los Angeles étant proche, l’extra-terrestre s’enfuit dans cette direction, alors que les militaires continuent de le traquer.
Dans une maison de banlieue, Elliot (Henry Wallace), 10 ans, sorti prendre livraison d’une pizza, entend du bruit dans le jardin. Il lance innocemment une balle de base-ball dans la remise… qui lui revient en retour ! Paniqué, il retourne chez lui, mais tous pensent qu’il a vu un coyote. Elliott voulant en avoir le cœur net, il décide de ressortir en pleine nuit et, dans un champ de maïs, il se retrouve nez à nez avec l’extra-terrestre ! Tous les 2 sont terrifiés et l’extra-terrestre s’enfuit dans la forêt.
Le jour suivant, il dit ce qu’il a vu, mais comme personne ne le croit, Eliott fait une remarque désobligeante qui fait pleurer sa mère Mary (Dee Wallace). Son frère ainé Michael (Robert MacNaughton) lui passe un savon. Leur père les a récemment quittés pour une autre femme, et c’est toujours douloureux, en particulier pour leur mère.
Eliott décide d’attirer l’extra-terrestre grâce à des bonbons. Le soir, alors qu’il veille dehors, l’extra-terrestre se présente face à lui. Il est tétanisé de peur, l’extra-terrestre s’approche de lui et lui redonne ses bonbons. Remarquant qu’il ne lui veut aucun mal, il le fait entrer dans sa chambre et le cache.
Le lendemain, Elliot feint d’être malade et prend l’extra-terrestre sous son aile en lui montrant divers objets et lui apportant à manger. Quand Michael et Gertie (Drew Barrymore) rentrent de l’école, Eliott leur fait promettre de le cacher chez eux et de garder le secret, y compris vis-à-vis de leur mère. Eliott le nomme E.T. et tous les 3 décident de s’occuper de lui.
Dès lors, une amitié formidable va naître, principalement entre Eliott et E.T., renforcée par une sorte de télépathie, qui leur permet de ressentir ce que l’autre vit, que cela soit physiquement (comme la fameuse scène ou E.T. boit de la bière, et Eliott devient saoul, comme lui) comme psychologiquement.
Après quelques temps, E.T. arrive à parler et à communiquer avec eux. C’est là qu’il dit l’une des répliques les plus célèbres du cinéma : « E.T. téléphone maison ! », sous-entendu qu’il veut entrer en contact avec son peuple pour rentrer chez lui. Ils vont l’aider à concevoir un appareil, mais cela devient de plus en plus difficile, car la santé d’E.T. se dégrade de jour en jour et l’armée, après une longue traque, finira par les retrouver.
Voilà, je n’en dirais pas plus, rappeler le pitch étant peut-être inutile, vu que la majorité des personnes de plus de 30 ans l’ont vu au moins une fois.
E.T., l’extra-terrestre occupe une place toute particulière pour moi. C’est un film qui a marqué mon enfance, et c’est le premier film dont j’ai le souvenir que j’ai vu au cinéma. J’avais adoré, pleuré 2 fois, et tout le monde parlait du film dans le préau. Je l’ai revu plusieurs fois, y compris avant de refaire la chronique, et le charme opère toujours autant.
Lorsqu’il s’attèle à E.T., Steven Spielberg veut une histoire plus intimiste, un film sur l’enfance, loin de ses superproductions précédentes. Il rencontre Melissa Mathison (femme d’Harrison Ford à l’époque) et ensemble, ils travaillent au scénario, Steven décrivant l’histoire dans les grandes lignes et Melissa en l’élaborant.
Comme personne ne croit au projet, Steven fonde la société de production Amblin Entertainment avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall (même si non créditée). Et pourtant, avec un budget modeste, des personnages nettement mis en avant, un mélange d’humour, de sensibilité, d’empathie et de poésie avec un message universel sur la tolérance, l’amitié et l’amour, le film fera un véritable carton à sa sortie !
Il deviendra le plus grand succès de tous les temps en 1982 avec plus de 792 millions de dollars, pour un budget d’à peine plus de 10 millions (il sera battu par Jurassic Park en 1993, réalisé par un certain… Steven Spielberg !).
Si le film a si bien marché, cela tient à de nombreux facteurs. Commençons par le moins sexy de tous, le marketing ou, plutôt, les produits dérivés.
Steven Spielberg ayant investi ses propres deniers pour produire le film, il se tourna vers les fabricants de jouets pour signer des contrats d’exclusivités (un certain Georges Lucas, fit de même pour Star wars), ce qui permit d’avoir des objets dérivés à l’effigie du film lors de sa sortie, chose très rare à l’époque. Mais, évidemment, cela ne suffit pas.
Il y a également l’histoire. Certes, elle est centrée sur l’enfance et certains jugeront le film trop naïf et cucul sans même l’avoir vu. Et bien pas du tout car, déjà, le film ne prend pas les enfants pour des idiots ! L’espèce de « télépathie » entre E.T. et Elliot est une excellente idée, la relation entre les enfants bien rendue et réaliste, tout comme le fait d’ancrer l’histoire dans une famille banale.
C’est un film aussi bien pour les enfants que les adultes, avec des thèmes profonds, des personnages attachants, de l’humour, touchant et un final très émouvant, qui me tire toujours une larme à la fin (et dieu sait que je n’ai pas la larme facile devant un film).
E.T. aurait pu tomber dans le gnan-gnan et être vite oublié avec un réalisateur lambda, mais pas dans les mains de Steven Spielberg, qui prouve à nouveau que c’est un grand ! La mise en scène et la photographie sont excellente, plusieurs scènes témoignant d’une vraie maîtrise (comme les travellings ou le câble qui plaque la chaise), sans prendre le pas sur l’histoire.
Je trouve également que c’est une très bonne idée, qu’hormis le personnage de Mary, les adultes soient clairement en retrait. Il faut attendre les 2/3 du film pour voir les visages des adultes, qui sont souvent filmé à la taille.
Et il y a également ses scènes magiques, la plus connue étant lorsqu’Eliott et E.T. passent devant la Lune en vélo (qui deviendra le logo d’Amblin). Et tout cela est magnifié par la bande-son de John Williams, qui nous livre une bande-son mémorable et de toute beauté.
Quant aux effets spéciaux, on pourrait croire que pour un film de 1982, cela aurait beaucoup vieilli. Et bien pas tant que cela ! Hormis la créature d’E.T., il y a très peu d’effets spéciaux dans le film (la soucoupe volante, les vols en vélos,…), mais ils sont tous très bien réalisés.
Pour l’animatronique (ou marionnette suivant les scènes) d’E.T., si c’est parfois un peu raide au niveau du visage, elle reste très réaliste et toujours convaincante, rendant E.T. mignon et attachant.
Enfin, il faut terminer par le point le plus important, les acteurs. Il fallait surtout que les acteurs qui interprètent Michael, Gertie et Eliott soient très bons et crédibles pour rendre l’histoire captivante. Robert MacNaughton (Michael) et Drew Barrymore (Gertie), âgé de respectivement 14 et 6 ans au moment du tournage, s’en sortent très bien.
Mais que dire d’Henry Wallace, qui interprète Eliott ? Du haut de ses 10 ans, il est vraiment épatant et rejoint sans problèmes les meilleurs acteurs enfants que j’ai vus (acteurs cités dans la chronique de Maman, j’ai raté l’avion et non le très médiocre Makaulay Culkin). Le film repose principalement sur ses épaules et sur sa relation avec E.T. et c’est plus que réussi.
Petit clin d’oeil amusant, lors de la fête d’Halloween, un enfant est déguisé en Yoda et E.T. dit « Maison ! » en le voyant. Emu, Georges Lucas (ils sont amis dans la vie) mettra 3 E.T. dans Star wars épisode 1 : la menace fantôme en 1999, lors d’une scène au Sénat galactique. Ils font désormais partie de l’univers étendu de Star wars, étant appellé les « Asogiens » venant de la planète Brodo Asogi et l’un des sénateurs présent au conseil s’appelle Grebleips (Spielberg à l’envers).
En 2002, pour célébrer les 20 ans de la sortie d’E.T., le film est ressorti dans une nouvelle version. On a rajouté quelques scènes (celle de la salle de bain), amélioré les effets spéciaux (surtout les expressions d’E.T. sur 5 scènes) et remplacé les armes du film par des talkies-walkies.
Steven Spielberg regrettera par la suite ses changements et promit de ne plus faire de modifications sur ses autres films après leur sortie cinéma. Quant aux dvd et bluray sur le marché, ils contiennent le film de 1982 (qui n’a pas pris une ride).
Steven Spielberg avait commencé à travailler sur une suite d’E.T. dans les années 80, mais abandonnant rapidement, estimant que l’histoire se suffisait à elle-même. Et, alors que plus personne n’y croyait, l’opérateur internet Xfinity a réalisé en 2019 une publicité où l’on assiste aux retrouvailles d’Eliott et E.T., pour les fêtes de Noël.
Plutôt qu’une bête publicité, on a droit à une sorte de mini-suite de 4 minutes, la partie pub ne durant que quelques secondes à la toute fin. Steven Spielberg a accepté de superviser le projet, ce qui a motivé Henry Thomas de reprendre son rôle d’Eliott. Ce court-métrage conserve toute l’âme du film de 1982, avec de multiples clins d’œil. J’ai mis la vidéo en lien en bas de chronique, ce mini-film est vraiment très bon et émouvant.
Bref, que dire d’E.T., l’extra-terreste ? Un film culte de chez culte ! Un film qui m’a marqué, comme beaucoup de personnes de ma génération, un merveilleux conte pour toute la famille, qui plaira autant aux adultes qu’aux enfants. Un film qui n’a pas pris une ride, très bien réalisé, rythmé, avec de très beaux moments et une musique magnifique. Un film drôle, sensible, poétique, émouvant, avec une très belle histoire d’amitié et des personnages très attachants que je ne peux que vous conseiller de voir ou de revoir.
Hidalgo
Extraits vidéo :
E.T., l’extra-terrestre
Sortie: 1982
Durée: 115 minutes
Genre: science-fiction
Pays: USA
Réalisation : Steven Spielberg
Production : Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Melissa Mathison
Distribution : Universal Pictures
Scénario : Melissa Mathison, Steven Spielberg
Musique : John Williams
Acteurs principaux: Henry Wallace (Eliott), Robert MacNaughton (Michael), Drew Barrymore (Gertie), Dee Wallace (Mary), Peter Coyote (l’homme aux clés)
Budget : 10’500’000 $
Recettes mondiales: 792’910’554 $
Récompenses (uniquement les plus « prestigieux » ; le film ayant reçu plus de 40 prix) :
Oscars 1983 :
Meilleure musique originale : John Williams
Meilleur son : Robert Knudson, Robert Glass (en), Don Digirolamo, Gene S. Cantamessa
Meilleurs effets spéciaux : Carlo Rambaldi, Dennis Muren, Kenneth Smith
Meilleur mixage : Charles L. Campbell, Ben Burtt
Golden Globes 1983 :
Meilleur film dramatique
Meilleure musique pour un film : John Williams
Los Angeles Film Critics Association Awards 1982 : Meilleur film et Meilleur réalisateur (Steven Spielberg)
Saturn Awards 1983 :
Meilleur film de science-fiction
Meilleur scénario : Melissa Mathison
Meilleurs effets spéciaux : Carlo Rambaldi, Dennis Muren
Meilleure musique : John Williams
Meilleure affiche : John Alvin
Young Artist Awards 1983 :
Meilleur film familial
Meilleur jeune acteur : Henry Thomas
Meilleur jeune acteur dans un second rôle : Robert MacNaughton
Meilleure jeune actrice dans un second rôle : Drew Barrymore
Le film a été sélectionné par le « National Film Preservation Board » pour figurer dans le National Film Registry en 1994 (préservation de films pour les générations futures).