Gung ho, du saké dans le moteur (1986) * *

Gung ho, du saké dans le moteur, ça c’est du titre ! Qui a eu l’idée d’un titre aussi ridicule ? Non mais, quand on lit ça, on s’attend à voir un navet premier choix, légèrement raciste qui plus est. Heureusement, ce n’est pas le cas. Quand on parle d’une comédie sociale, on a tendance à penser aux films anglais, comme par exemple The full monty, Billy Eliott ou encore We want sex equality. Or, ce film est américain et réalisé par Ron Howard ! Oui, Ron Howard, qui réalise une comédie sociale, qui traite du choc des cultures.

 

Hunt réussi à faire racheter l’usine dans une ambiance chaleureuse…

Le titre original est Gung-ho et il signifie quelque chose comme «très enthousiaste pour travailler», une sorte de dicton d’origine asiatique pour motiver ses troupes, mais qui a été «anglicisé» et fait partie du langage commun aux Etats-Unis.

 

Au Québec, le titre est A l’attaque… plein gaz qui me semble bien plus inspiré et en rapport avec le film que la traduction française. Enfin, passons…

 

L’histoire se passe en Pennsylvanie, à Hadleyville, une petite ville qui vit presqu’essentiellement d’une usine automobile qui a fermé depuis quelques mois. Pour sauver la ville, les ouvriers envoient leur délégué syndical Hunt Stevenson (Micheal Keaton) au Japon pour convaincre les administrateurs d’Assan Motors de  racheter l’usine… et malgré une ambiance sinistre, ça marche ! Ils la rachètent, réengagent les employés américains et font venir des cadres et managers japonais pour la diriger.

 

Le problème, c’est qu’ils vont vouloir la diriger «à la japonaise», donc pas du tout selon les standards américains. C’est assez drôle, puisque généralement, ce sont les américains qui imposent leur point de vue aux autres, mais passons.

 

 

 

 

 

 

 

Petit encart sur le travail au Japon. Si vous n’êtes pas intéressé, reprendre la lecture lorsque le texte redevient noir.

Je ne prétends pas avoir la science infuse, c’est un complément et un site sur le cinéma, donc je n’aborde le sujet que de manière très générale et succincte.

Il faut savoir qu’au Japon, à peine sorti de l’université, lorsque vous entrez dans une grande entreprise, c’est un honneur pour vous et vous êtes dévouée à elle. L’entreprise attend de vous de ne pas compter vos heures de travail supplémentaires et de faire le maximum, en échange d’un travail « à vie ». Par exemple, dans le film, un cadre japonais reste travailler plutôt que d’aller à l’hôpital voir sa femme accoucher. Des cas qui arrivent encore régulièrement au Japon.

Depuis le milieu des années 90 et la crise qui a suivi, c’est un peu moins le cas, mais même si la réglementation du travail est assez proche des pays européens, il n’est pas rare de travailler plus de 50 heures par semaine, ne prendre que quelques jours de vacances par an, ni le fameux « karoshi », qui signifie «mort par excès de travail». Cela concernerait environ 20% des actifs japonais et provoque des centaines de morts chaque année. Un véritable problème au Japon qui a poussé le gouvernement japonais à entamer des réformes pour endiguer le problème.

 

Séance gym pour se motiver…ou pas!

Bon, vous devinez la suite, dès le premier jour, les cadres font de l’exercice juste avant de commencer de travailler pour motiver les troupes… sous les yeux interloqués des américains ! Les américains font leur travail plan-plan comme auparavant alors que les japonais veulent de la productivité, etc… Hunt Stevenson, vu comme le sauveur de la ville, tente de faire tampon entre les 2, faire comprendre au japonais la façon de travailler américaine, et aux américains ce que les japonais attendent d’eux. Il collaborera principalement avec Oishi Kazihiro (Ken Watanabe) un cadre japonais timide qui a été affecté aux Etats-Unis pour faire ses preuves (il n’aurait pas été assez «compétitif»).

 

Néanmoins, alors qu’une amitié entre Stevenson et Kazihiro se tisse et que les relations au travail s’améliorent, le grand patron n’est pas du tout content de la productivité, et veut fermer l’entreprise ! Stevenson passe un accord avec le dirigeant japonais. Ils doivent produire 15000 voitures en 1 mois ou l’entreprise ferme ! Et ils n’ont jamais dépassé 9000…

 

Les « Assan » sont en réalité des Fiat Regata légèrement modifiées, qui n’étaient pas commercialisées aux USA et Japon.

 

Comme je l’ai dit, Gung Ho, du saké dans le moteur est une comédie sociale, c’est-à-dire un film qui sous un trait plutôt comique aborde des réalités et problèmes sérieux. J’avais peur que le choc culturel soit pro-américain, mais il n’en est rien! Au contraire, la différence de culture est montrée avec beaucoup de tact, sans prendre de parti. On se rend compte que les 2 systèmes ont leurs qualités et leurs défauts, sans donner l’avantage à l’un ou l’autre.

 

Michael Keaton est bon, mais se fait voler la vedette par Gedde Watanabe…

Au niveau des acteurs, dans les rôles principaux, Michael Keaton fait le job dans son rôle de cadre médiateur beau parleur et un peu fumiste sur les bords, souhaitant néanmoins que la collaboration fonctionne. Mais selon moi, Gedde Watanabe lui vole la vedette, hilarant par son coté timide et sérieux qui pète parfois les câbles. Les meilleurs effets comiques du film viennent de lui.

 

Réalisé par Ron Howard en 1986 entre Splash et Willow ce film eut du succès aux USA, mais passa complètement inaperçu ailleurs ! Même si ce n’est plus tout à fait vrai, on a souvent reproché à Ron Howard de manquer d’audace comme réalisateur. Pour Gung ho, du saké dans le moteur, la critique est justifiée. La réalisation manque de relief et de rythme. Ce n’est pas mauvais, Ron fait le job, mais pas transcendant non plus, et impossible de le distinguer d’un réalisateur lambda.

 

Le film se laisse néanmoins regarder, il comporte quelques très bonnes scènes, avec un message sur la solidarité et l’amitié sur fond de tolérance et ce sans parti pris, ce qui est plutôt rare pour être souligné. Un film atypique, qui mérite d’y jeter un œil.

 

Etonnamment, le film avait un coté prémonitoire. En 1989 sort Roger et moi de Michael Moore, un film documentaire où le PDG de Général Motors décide de supprimer 30000 postes dans la ville de Flint, pour réaliser des économies, poussant la ville dans la misère.

 

Et comme les américains n’ont jamais remis en cause leur mode de gestion, en 2008, GM et Chrysler ne doivent leur survie à la crise que grâce à l’aide de dizaines de milliards accordée par Barack Obama, assortie de la disparition de plusieurs marques (Pontiac, Oldsmobile, Saturn, Hummer, Saab). Il me semble que cela s’est mieux passé pour les constructeurs japonais, non ?

 

Hidalgo

 

Extraits vidéos :

 

Bande-annonce (en vo)

Exercices matinaux (en vo)

 

Gung ho, du saké dans le moteur

 

Sortie:                                      1986

Durée:                                      112 minutes

Genre:                                      comédie sociale

 

Pays:                                        USA

 

Réalisation :                             Ron Howard

Production :                             Tony Ganz et Deborah Blum

Distribution :                             Paramount Pictures

Scénario :                                 Lowell Ganz, Babaloo Mandel

 

Acteurs principaux:                  Michael Keaton (Hunt Stevenson), Gedde Watanabe (Oishi Kazihiro), Mimi Rogers (Audrey), George Wendt (Buster)

 

Budget :                                   18’000’000 $

Recettes (USA seulement):     36’611’610 $

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