Wolfgang Petersen est un cinéaste allemand qui deviendra mondialement célèbre grâce à l’excellent Das Boot (1981), qui raconte l’incroyable aventure du sous-marin allemand U-96 pendant la seconde guerre mondiale et les défis que l’équipage va devoir surmonter. Suite à ce succès, il exercera principalement sa carrière aux Etats-Unis.
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Wolfgang Petersen est également connu pour être un réalisateur touche-à-tout. Film de guerre, science-fiction, thriller, film catastrophe, péplum, il a abordé beaucoup de genres différents. Pour L’histoire sans fin, il aborde un genre très peu représenté dans les années 80, l’heroic-fantasy.
Bastien (Barret Olivier) est un garçon de 10 ans qui a perdu sa mère, son père et lui tentant d’y faire face. Introverti, rêveur et solitaire, il est racketté par 3 petites brutes de son école. Il réussi à s’échapper en se cachant dans une librairie. Le libraire lit L’histoire sans fin, et ce qu’il lui dit attise sa curiosité, Bastien adorant lire. Alors qu’il a le dos tourné, Bastien emprunte le livre en promettant de le rapporter. Arrivé en retard à l’école, alors que les cours ont commencé, il se cache dans la réserve et commence à lire L’histoire sans fin.
Dans le monde de Fantasia, un mal mystérieux appelé le Néant est apparu, faisant disparaître des parcelles de son monde. L’impératrice (Tami Stronach) est malade et le Néant détruisant petit à petit Fantasia, le conseil convoque Atreyu (Noah Hathaway), un enfant guerrier chasseur des plaines de la Mer des Herbes. Sa mission consiste à trouver un remède pour l’Impératrice et pour Fantasia.
Atreyu parcourt Fantasia, sa quête l’emmenant dans de multiples lieux et croisant de nombreuses créatures, jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il doit trouver l’Oracle sudérien, vivant à des milliers de kilomètres. Sa tâche sera d’autant plus ardue que Gmork, une sorte d’énorme loup noir, se met en chasse d’Atreyu pour le tuer. Mais Atreyu pourra compter sur Artax, son cheval, et sur Falkor, un dragon porte-bonheur à tête de chien pour l’aider dans sa quête.
Alors que Bastien lit, un événement tragique se produit dans le livre. Bastien pleure et crie « Noooooooon ! »… et dans la scène qu’il est en train de lire, les personnages entendent son cri !!! Quelles aventures Atreyu va vivre ? Quel est le secret du livre ? Je vous laisse le découvrir…
Comme dit en préambule, l’heroic-fantasy n’était pas très populaire au cinéma dans les années 80, un peu comme les westerns de nos jours. Les 2 autres films du même genre des années 80 souvent cités son Conan le barbare (1982) et Willow (1988). Pour L’histoire sans fin, on est plus proche de Willow, dans le sens où c’est un film familial. Le film est tiré du roman L’histoire sans fin de Michael Ende, livre considéré en Allemagne comme un classique du roman pour la jeunesse. Le film reprend la première partie du roman.
Certains pourraient dire « Un film d’héroic-fantasy familial des années 80, non merci ! », ce serait une erreur. C’est un film familial, pas un film destiné uniquement pour les enfants. Le film comporte plusieurs scènes tragiques, ce n’est pas le pays des bisounours, mais le film n’est pas violent.
Je me permets de faire un aparté. Il faut reconnaître que dans les programmes familiaux ou, « pour les enfants », la qualité à bien baissé ces dernières années. Je m’explique : dans les années 80, on considérait les enfants comme de futurs adultes, il fallait les préparer aux dangers et épreuves qu’ils allaient affronter, tout en leur permettant de s’évader et rêver. Des mangas étaient même diffusés sur des chaînes généralistes sans censure.
Mais voilà ! Les mangas sont jugés trop violents par certains, et sont déprogrammés où subissent de très fortes coupes (il n’y en avait que quelques uns qui étaient violent à l’époque et ils ne m’ont jamais choqué).
Et depuis, force est de constater que de nos jours, on privilégie entretenir les enfants dans la mièvrerie d’un monde fantasmé. Bref, la médiocrité prend le dessus, on prend les enfants pour des cons qui ne peuvent rien voir de plus violent qu’une gifle et de ne rien comprendre si il y a un message écolo.
A l’époque, on n’hésitait pas à leur ouvrir l’esprit sur des sujets variés. Par exemple, on faisait des films sur des enfants gravement malades dans des familles pauvres et menacés d’expulsion (Brisby et le secret de Nimh, 1982), ou une orpheline qui n’a qu’un chien pour meilleur ami (Charlie, 1989).
Bon, n’enjolivons pas non plus, il y avait aussi des navets. Mais on considérait que les enfants étaient à même de visionner des choses plus élaborées. Et un des meilleurs exemples est L’histoire sans fin.
Oui, Bastien a perdu sa mère, il est introverti et se fait molester par des brutes de son école. Oui, il y a des événements tragiques dans la quête du livre. Mais Bastien va vivre une merveilleuse aventure en le lisant.
Outre les aventures et un monde fantastique, il y a des thèmes forts comme la peur du regard des autres, la mort, la confiance en soi, l’amitié, le courage, la force de recommencer après un échec, de ne jamais cesser de rêver, etc.
Des choses que chaque enfant, voire chaque être humain sera confronté dans le monde réel. Le dialogue entre le père et Bastien est également poignant.
Comme quoi, on peut écrire des belles histoires profondes et sensées avec des événements fantastiques, mais également tragiques pour les enfants.
Désolé pour cette très grosse parenthèse, mais vous aurez compris que l’histoire est une des forces du film, on ne s’ennuie pas, il y a des thèmes profonds, c’est familal, sans prendre les enfants pour des imbéciles. D’autant plus que j’ai revu le film avec une fillette de 7 ans, et elle a adoré, reconnaissant qu’il y a des choses tristes, mais qui aurait adoré chevaucher Falkor.
Niveau réalisation, rien à redire, Wolfgang Petersen et son équipe ont fait un excellent travail. Doté d’un budget confortable, les décors sont absolument magnifiques et variés, que cela soit la forêt, des habitations isolées, le désert, le marais de la mélancolie (décor gigantesque), une ville en ruine, la Tour d’Ivoire, etc… Dépaysement garanti !
De plus, c’est un monde avec beaucoup de vie, avec une trentaine de races différentes présentes (E.T. et des personnages de Star wars font un petit caméo) et des personnages comme le géant de pierre, Gmork, Morla ou Falkor sont des merveilles d’animatronic.
Même si le film avait des effets spéciaux impressionnants pour l’époque, c’est vrai que les scènes en stop-motion ou lorsque Atreyu chevauche Falkor sont datées, mais cela tient toujours la route de nos jours et ne gâche pas le plaisir.
Concernant la musique, elle est superbe, Klaus Doldinger et Giorgio Moroder ayant fait de l’excellent travail. Pour le générique d’ouverture, on a la chanson « Neverending story », chantée par Limahl, un tube des années 80. Limahl chante bien, mais pour la coupe de cheveux, on repassera, le genre d’horreurs capillaires propres aux années 80.
Un mot enfin sur les acteurs. Ils sont tous très bons, mais Barret Olivier, Noah Hathaway et Tami Stronach n’ont pas persévéré. Les parents de Barret Olivier ne voulaient pas que leur fils soit utilisé par Hollywood, il arrêta sa carrière d’acteur à 16 ans et est photographe.
Des parents à saluer, s’intéressant plus au bien-être de leur enfant qu’à l’argent qu’il peut rapporter. Quant à Noah Hathaway et Tami Stronach, ils seront absents des studios pendant près de 20 ans avant de refaire quelques apparitions, mais ayant une carrière à coté.
L’histoire sans fin, avec un budget d’environ 60 millions de marks (27 millions de dollars) était le film le plus cher jamais produit en Allemagne à sa sortie. Etant une coproduction entre l’Allemagne et les USA, le film fut tourné en anglais. Et hormis les acteurs, toute l’équipe technique était allemande. Le film rapporta plus de 100 millions de dollars au box office et 2 suites furent tournées.
L’histoire sans fin 2 (1990), reprend une partie de la trame de la deuxième partie du livre, mais je ne l’avait pas aimé. Tous les acteurs sont différents, peu ressemblants, la magie du premier film est absente et le film est kitch. Quant à L’histoire sans fin 3 (1995), j’en garde peu de souvenirs, mais je me rappelle que j’avais détesté, trouvant que c’était une insulte à l’œuvre originelle.
Et pour reprendre une critique lue sur allocine.com, « L’histoire sans fin 3 passe de la plus belle histoire de conte, à la plus merdique des comédies ».
Michael Ende n’a pas aimé l’adaptation de L’histoire sans fin pour des changements mineurs (dans le roman, Atreyu à la peau verte, Bastien est potelé et Falkor (Fuchur dans l’original) à une tête de lion) alors que la trame est respectée.
Je n’ose imaginer sa tête lorsqu’il a vu que L’histoire sans fin 2 ne reprenait qu’une partie de l’histoire de la deuxième moitié du livre et que L’histoire sans fin 3 est une nouvelle histoire qui dénature complètement l’œuvre originelle. Bref, pour L’histoire sans fin, je vous conseille de ne regardez que le premier opus, qui lui est excellent.
Pour conclure, L’histoire sans fin est un excellent film d’heroic-fantasy que l’on peut voir en famille. Une très belle histoire, des thèmes forts, qui ne prennent pas les enfants pour des idiots. Très bien réalisé, avec de bons acteurs, des décors magnifiques, des effets spéciaux qui tiennent encore la route et une superbe bande-son.
Je l’ai revu avec une fillette de 7 ans et elle a adoré. Si vous voulez regarder un film avec vos enfants qui soit autre chose qu’un énième Disney, L’histoire sans fin est vivement recommandé. Et les enfants ne sont pas nécessaire pour le regarder et l’apprécier.
Hidalgo
Extraits vidéo :
L’histoire sans fin
Sortie: 1984
Durée: 94 minutes
Genre: heroic-fantasy, aventure
Pays: Allemagne / USA
Réalisation : Wolfgang Petersen
Production : Bernd Eichinger, Dieter Geissler et Bernd Schaefers
Distribution : Warner Bros (USA), Bavaria Film (Europe)
Scénario : Wolfgang Petersen et Herman Weigel, d’après le roman L’Histoire sans fin de Michael Ende
Musique : Klaus Doldinger et Giorgio Moroder
Acteurs principaux: Barret Olivier (Bastien), Noah Hathaway (Atreyu), Gerard McRaney (père de Bastien), Thomas Hill (Karl Konrad Koreander), Tami Stronach (l’impératrice de Fantasia)
Budget : 27’000’000 $
Recettes mondiales: 100’000’000 $
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