Phone game (2003) * * * *

Phone game est un thriller à huit-clos en temps réel dont presque toute l’action se déroule dans une cabine téléphonique. L’idée de base est très originale et malgré un pitch très simple, le film réussi la gageure de nous tenir en haleine jusqu’à la fin.

 

Stu se la pète avec Adam, son « apprenti-larbin »

Stu Shepard (Colin Farrell) est un attaché de presse vivant à New-York. Menteur, manipulateur, vantard et arriviste, il se la pète avec ses vêtements italiens et sa montre de luxe. Il est accompagné d’Adam (Keith Nobbs), un jeune homme désirant apprendre le métier et en admiration devant lui, mais que Stu traite plus comme un larbin, sans le payer.

 

Tous les jours vers la même heure, Stu se rend à la dernière cabine téléphonique d’une rue proche de Times Square pour appeler Pam (Katie Holmes). C’est une jeune actrice avec qui il aimerait coucher et à qui il raconte des bobards. Stu est marié à Kelly (Radha Mitchell), mais il s’est bien gardé d’avertir Pam.

 

Tu aurais mieux fait de ne jamais décrocher…

Après avoir raccroché, la cabine téléphonique sonne. Stu décroche le téléphone et un homme (Kiefer Sutherland) le menace et lui dit qu’il est mort s’il raccroche. Stu pense à une blague, mais cet homme est très bien informé sur lui. En entendant le bruit de recharge d’un fusil et en shootant un jouet à coté de la cabine téléphonique, Stu comprend que cet homme ne plaisante pas.

 

Harcelé par des prostituées qui veulent utiliser la cabine, Stu les repoussent, mais lorsqu’elles reviennent avec leur mac, la situation dégénère, l’homme tire sur le mac et le tue. La police arrive quelques minutes plus tard et les prostituées disent que c’est Stu qui a tiré.

 

 

Comment va faire Stu ? Il ne peut pas sortir de la cabine, avec des policiers qui l’on en joue. Et que veut le sniper qui le braque ? Le capitaine Ramey (Forest Whitaker) tente de dialoguer avec lui, mais Stu doit lui répéter ce que le sniper lui dicte. Ramey comprend que quelque chose cloche… Voilà, je n’en dirais pas plus, ce serait gâcher le suspense du film.

 

Larry Cohen lors de la promo de Phone Booth (nom original du film)

Larry Cohen (1936-2019) était un touche-à-tout. Tour à tour réalisateur (Le monstre est vivant (1974) et ses 2 suites) ou producteur (les mêmes films et la série des Maniac cop), c’est surtout comme scénariste qu’il s’était fait connaître. La série Les envahisseurs (1967-1968), plusieurs épisodes de Columbo et les films précités, c’est lui.

 

 

Pour Phone game, il avait proposé le scénario à Alfred Hitchcock dans les années 60, mais cela n’aboutit pas. Le script resta dans les cartons pendant une trentaine d’années, avant que Larry Cohen le ressorte et l’adapte au goût du jour.

 

Après plusieurs réalisateurs pressentis, c’est finalement Joel Schumacher qui fut choisi. Un homme capable du meilleur (l’excellent 8 millimètres) comme du pire (le bousin Batman et Robin). Heureusement, pour Phone game, c’est du bon.

 

Malgré un budget « serré » pour lui (13 millions quand même) et un tournage très court (12 jours à Los Angeles et 1 à New-York), la réalisation est de bonne facture. L’utilisation du split screen est une excellente idée et parfaitement utilisée, permettant de voir les réactions des différents protagonistes, surtout dans les conversations à plusieurs. De plus, c’est un montage nerveux, moderne et rapide, avec quelques effets de caméra. Et la reconstitution d’un quartier de New York est bluffante.

 

Le split screen est astucieusement

utiisé dans Phone game, qui contribue à

l’immersion et au coté étouffant du film

 

Mais si le film est bon, c’est surtout grâce aux acteurs et aux dialogues ! Colin Farrell est excellent, il porte littéralement le film sur ses épaules. On partage parfaitement son désespoir et sa sensation d’impuissance, jusqu’à éprouver de l’empathie pour lui, alors que Stu est très loin d’être parfait. Kiefer Sutherland, ou plutôt sa voix, est excellente, flippante, hypnotisante, pervers et cynique avec Stu. On sait qu’il est là, quelque part (impossible de le repérer), tenant Stu en joue, ce qui participe au coté étouffant du film.

 

Mais le film vaut également pour les dialogues, qui sont excellents, d’une finesse remarquable. Les dialogues sont la force de ce film, car hormis les 10 premières minutes, toute l’histoire se déroule dans une cabine téléphonique. Et sans de très bons acteurs et dialogues, impossible de rester captivé.

 

Le rythme du film est haletant, angoissant, claustrophobique et  stressant, avec de nombreux rebondissements. Le film est tourné presqu’en temps réel, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de coupures de temps entre le début et la fin. Phone game est très court (1h13), mais l’allonger l’aurait fait perdre en efficacité.

 

Bon, le film n’est pas parfait. Bien que court, le début (environ 10 minutes), qui nous présente Stu est un peu longuet. De plus, même si la réalisation est bonne, comme le split-screen ou la cabine filmée sous plusieurs angles dans une même séquence, certains effets de caméra n’apportent rien et le montage peu devenir très rapide, alors que la situation ne l’exige pas (sans entrer dans des excès à la Michael Bay).

 

 

 

Et enfin ok, je chipote, mais le film risque de mal vieillir. Phone game abordait déjà le déclin inexorable et la fin des cabines téléphoniques en 2003. Hormis dans les grandes gares ou les aéroports, elles ont quasiment disparues en 2019. Es-ce que dans 20 ans, le film parlera toujours aux gens ? Pas sûr.

 

Pour plus d’infos sur « le sniper de Washington », cliquez sur l’image

Phone game aurait normalement du sortir en 2002, mais à l’époque, il y avait un sordide fait divers, « le sniper de Washington », qui terrorisa les Etats-Unis pendant 3 semaines, en tirant sur des personnes au hasard depuis sa voiture avec un adolescent et qui tua 10 personnes.

 

Vu le sujet du film, la sortie de Phone game fut reportée à 2003, et eut un joli succès, avec près de 100 millions de dollars au box-office, pour un budget de 100 millions.

 

En résumé, Phone game est un très bon thriller, avec un scénario très original, qui nous tient en haleine jusqu’à la fin, angoissant, étouffant et claustrophobique avec son lot de rebondissements. Il est de plus servi par un réalisation moderne (parfois trop), et surtout soutenu par l’interprétation de Colin Farrell et Kiefer Sutherland et d’excellents dialogues, parfaitement ciselés.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande-annonce vf

Extrait: le sniper arme son fusil sur Stu (vo)

 

Phone game

 

Sortie:                                  2003

Durée:                                  73 minutes

Genre:                                  Thriller

 

Pays:                                    USA

 

Réalisation:                          Joel Schumacher

Production:                           Gil Netter et David Zucker

Distribution:                          20th Century Fox

Scénario:                              Larry Cohen

Musique:                               Harry Gregson-Williams

 

 

Acteurs principaux:               Colin Farrell (Stuart « Stu » Shepard), Kiefer Sutherland (le sniper), Forest Whitaker (Ed Ramey), Radha Mitchell (Kelly Shepard), Katie Holmes (Pam McFadden)

 

Budget:                                  13’000’000 $

Recettes mondiales:              97’837’138 $

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