En rédigeant cette chronique, je me suis demandé si j’allais classer Armageddon dans les nanars. Malgré une mise en scène épileptique, bourrée de clichés, un film absolument pas réaliste, 3-4 scènes complètement fumées et un Michael Bay qui va. comme d’habitude. tout faire péter, Armageddon est un de ses films qu’on a un peu honte d’apprécier. Donc, même si je ne le classerai pas dans les nanars, ne vous en faites pas, je ne vais pas le louper…
Après une introduction nous montrant la chute de l’astéroïde qui aurait provoqué la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années avec une voix grave demandant quand un tel désastre allait de nouveau arriver, on se retrouve de nos jours lors d’une mission de la navette Atlantis en orbite autour de la Terre. Une pluie de météorite détruit la navette avant de s’abattre sur Terre.
Elle s’abat sur New York et provoque un vrai chaos. Ca explose de partout, au point que quelqu’un dira « Saddam Hussein nous en fout plein la gueule ! ». Non, ce n’est pas lui, je ne suis même pas sûr que l’armée irakienne avait le budget de ce film à l’époque. C’est juste Michael Bay qui, comme d’hab’, aime tout faire sauter ! Certes, c’est impressionnant, le film a commencé depuis moins de 10 minutes, mais ne vous en faites pas, si vous aimez ça, des scènes de ce genre, il y en a encore un paquet.
Bref, cette pluie de météorites est juste un avant-goût de ce qui va arriver. Un énorme astéroïde de la taille du Texas fonce sur la Terre. Il s’écrasera dans 18 jours et exterminera toute forme de vie. Après avoir envisagé plusieurs solutions, ils décident d’envoyer des astronautes se poser sur l’astéroïde, creuser un puits et y placer une charge nucléaire, de façon à le faire éclater et que les débris ne s’écrasent pas sur Terre.
Et à votre avis, qui est le meilleur foreur sur Terre ? Bruce Willis pardi (dans le rôle d’Harry Stamper)! Enfin, à ce qu’il paraît, car sur sa plate-forme, le brave Bruce joue au golf en visant un bateau de Greenpeace ou tire au fusil sur A.J. (Ben Affleck) quand il découvre qu’il a une liaison avec sa fille Grace (Liv Tyler) !
Bref, il est convoqué à la NASA (avec sa fille !) et Dan Truman (Billy Bob Thornton), le directeur de mission, lui explique qu’il doit former des astronautes pour forer l’astéroïde. Mais, ce rendant compte qu’ils n’ont pas les compétences requises, Harry veut y aller avec son équipe… et la NASA accepte !!! Oui, des foreurs… qui en plus passent les tests ! Alors que dans la réalité, la sélection des candidats astronautes dure des mois et qu’il faut des années d’entrainement avant de pouvoir aller dans l’espace, eux seront formés en 12 jours !!! C’est la première grosse énormité du film, mais ne vous en faites pas, c’est loin d’être fini.
Bref, l’équipe qui accompagnera Harry… enfin, Bruce Willis sont tous des experts dans le forage, avec un caractère bien trempé. On a :
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Chick (Will Patton), le joueur de Craps (dés) en conflit avec son ex-femme
- l’Ours (l’immense et regretté Michael Clarke Duncan) le seul black fan de Harley-Davidson dans le Dakota
- la Carotte (Steve Buscemi), le chaud lapin, mais expert de génie
- J. (Ben Affleck), parce que oui, il est avec la fille de Bruce, mais bosse bien quand même (alors que Bruce l’a viré) !
- Max (Ken Hudson Campbell), à l’embonpoint marqué (et qui adore le haggis !)
- Oscar (Owen Wilson), excellent géologue, mais complètement à l’ouest
Pour les autres membres, ils sont trop anecdotiques ou trop peu à l’écran pour être signalés. On pourrait ajouter William Fichtner qui joue William Sharp, le pilote d’une navette, mais c’est à peu près tout. D’une navette, parce que c’est vrai, la Nasa a construit en secret 2 nouvelles navettes ! Ah oui, le jour avant le décollage, la majeure partie de l’équipe a une permission, ils vont pour la plupart dans une boîte louche avec des strip-teaseuses et une bagarre éclate ! On les laisse aller dans un endroit pareil et non accompagnés alors que le lendemain, ils doivent sauver le monde ???
Bref, le jour J arrive, les 2 navettes décollent pratiquement côte à côte et en même temps sous le regard de Grace avec la bannière américaine en fond ! Oui, la permission et les 2 navettes décollant côte à côte, c’est de l’inconscience pure et on n’échappe pas à un patriotisme presque du niveau d’Independance Day.
Mais les américains sont pas tout seuls, les 2 navettes s’amarrent à la Station russe Mir… pour faire le plein d’oxygène liquide !!! La station Mir transformée en station service pour navettes ! Et bon, tant qu’à faire, la station est dans l’espace, mais on simule la gravité !!!
A bord, un seul cosmonaute dans la station (!), Lev Andropov (Peter Stormare), un russe fantasque. Mais bien entendu, dès qu’on commence à faire le plein, la Station Mir prend feu ! Ils s’en tirent tous in extremis (et ils embarquent Andropov), les navettes sont à 2-3 mètres quand la station explose ! Et les navettes n’ont rien !!!
Bref, Liberté et Independance (les 2 navettes) arrivent à proximité de l’astéroïde, qui pullule de débris tout autour. Ils mettent en route leur radar anti-collision (!!!), mais Independance est touchée. Elle part en vrille et s’écrase sur l’astéroïde…sans se ramasser d’autres débris!!! Et malgré le crash, il y a 3 survivants !!! Qui, pour rejoindre l’autre navette, prennent leur rover et défoncent une paroi avec des mitraillettes gatling installées sur l’engin ! Je rappelle, au cas où, que c’est un rover de forage… mais non, les mitraillettes gatling, c’est normal. Quant à l’autre navette, elle arrive à se poser, mais sur un terrain rocailleux qui aurait du la bousiller complètement. Mais non, juste la radio qui déconne ! Et le forage qui commence pendant qu’A.J., l’Ours et Andropov rejoigne la navette à bord de leur rover…
Bon, arrivé à ce stade, cela fait très longtemps que l’on sait que ce film est complètement irréaliste ! Michael Bay, dans son désir d’en mettre plein la vue, réinvente les lois de la logique et de la physique, pour nous faire un truc complètement à coté de la plaque niveau crédibilité. Sans parler des scènes WTF. Vous voulez d’autres exemples ? Allez, un petit florilège :
- Derrière la Lune, ils reçoivent une accélération de 11 G et gueulent comme des cons. A partir de 6 G, on ne peut plus crier et à 9 G, une personne sans entrainement perd connaissance. Pour comparer, un pilote de F1 ou de dragster encaisse 5G
- Les navettes doivent être fabriquées dans la même usine que le pick-up de Chuck Norris ! Elles sont indestructibles, décollent côte à côte, sont intacts alors que Mir explose à quelques mètres, se ramassent toutes 2 un débris, se crashent ou se posent dans un endroit plein de crêtes rocheuses, mais rien ! Je rappelle qu’on est dans l’espace.
- En parlant des navettes, quand Ben Affleck défonce une paroi de la navette avec une mitraillette et l’abat en fonçant dedans, on voit que c’est juste de la tôle de quelques millimètres d’épaisseur !
- On ne découvre l’astéroïde que 18 jours avant l’impact, alors qu’il a la taille du Texas !
- Pour soi-disant simuler la gravité, les combinaisons spatiales ont des impulseurs. Mais dans la navette, ils sont en T-shirt avec une gravité identique à la Terre !
- Le président décide de faire sauter la bombe alors que le forage n’est pas terminé ! Sharp veut l’amorcer, Bruce Willis s’interpose avec l’œil humide, Sharp désamorce la bombe… en 30 secondes ! Et il est pilote de navette !
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Le rover est aussi solide que les navettes. A un moment, pour franchir un gouffre, ils stoppent les impulseurs. Le rover dérive dans l’espace, se ramasse 2 gros débris dans la gueule, se repose sur l’astéroïde alors qu’il en était éloigné de plusieurs centaines de mètres… et rien ! Et petit détail, regardez le sol quand Andropov remonte vers le rover. Sur le sol, c’est de l’herbe !!!
- L’astéroïde fait la taille du Texas, mais un forage de 250 mètres pour y placer une bombe nucléaire le casserait en 2 ! Une égratignure sur un ballon de foot, c’est comparativement plus profond
- Tous ne rentreront pas vivants. En effet, sur l’astéroïde, toutes les 5-10 minutes, et vas-y qu’il y a un tremblement de terre (ou d’astéroïde), une éruption, une explosion, etc… et bon, les combinaisons aussi tiennent le coup
- La navette redémarre quand Andropov donne des coups de clé à molette sur une caisse (gag !)
- Et pour finir, LA scène la plus conne et WTF du film, on installe à coté du forage des batteries de mitraillettes !!! Steve Buscemi (après son remake de Dr Folmaour), en voulant s’amuser avec, fout le zouk en tirant partout, y compris sur ses copains !
Bon, pour le réalisme, oubliez. C’est un film d’action avec ses propres lois. Et Michael Bay est fidèle à son style genre « T’es qu’un p’tit zizi si tu ne fais pas tout péter et t’as pas 20 plans par minute ! ». Ok, le père Bay fait tout sauter, et même s’il s’est (un peu) assagi avec le temps, que dire de son montage épileptique ? Les plans durent en moyenne 2 à 4 secondes, et dans le (rare) cas où ils sont plus longs, on a toujours un zoom ou un travelling. Je n’ai pas vérifié, mais hormis la scène d’ouverture, je pense que pas un plan dans le film n’excède les 10 secondes. Cela donne un coté « long clip » à ce film, mais reconnaissons à Michael Bay que le film reste toujours fluide et lisible, même dans les scènes les plus chargées.
Il y a encore 2 points que je souhaite aborder. Le premier, j’en ai déjà vaguement parlé, c’est le patriotisme exacerbé du film ! On n’est pas au niveau vomitif d’un Independance Day, mais presque. Les Etats-Unis sauvent le monde, les autres font rien (mais il parait que les russes et l’Europe participent), le président américain qui fait un discours pour l’humanité, les USA qui défendent les valeurs humaines, etc…
Mais le summum, c’est le nombre de fois où le drapeau américain apparaît ! Michael Bay ne fait pas dans la dentelle pour les scènes d’action, idem pour le patriotisme. Remarquons que le film est de 1998, il n’y a pas encore eu les attentats du World Trade Center.
L’autre point, mais là c’est personnel, c’est la bande-son ! Ok, rien à redire pour le thème du film le problème… c’est Aerosmith ! Es-ce dû parce que Steve Tyler est le père de Liv Tyler ? Toujours es-t-il qu’on retrouve 4 morceaux d’Aerosmith, dont « I don’t want miss a thing », une chanson d’un mielleux à toute épreuve qu’on nous ressert ad nauséam… 3 fois !!! Mais pour ceux qui adorent Aerosmith, je suis sûr que ce n’est pas un souci qu’ils fassent 50% de la B.O.
Mais alors, après avoir longuement critiqué le film et listé ses (très) nombreux défauts, pourquoi je ne le classe pas dans les nanars ? Et bien, tout n’est pas mauvais. Les scènes d’action sont spectaculaires, les effets spéciaux tiennent toujours la route, c’est rythmé, sans temps morts. Quant aux acteurs, si aucun n’est candidat à un oscar, ils font leur job bien mieux que l’équipe des Fast and furious ! Et, comme je l’ai dit avant, malgré tous ses défauts et un coté bien nanar… ben, ça ne me dérange pas de le regarder quand il repasse à la télévision (vu qu’il eu du succès à sa sortie, il y a facilement des rediffusions tous les 1-2 ans).
Alors, vous cherchez un film sans prise de tête, spectaculaire, rythmé et sans temps morts qui se laisse voir ? Bruce Willis ne vous sort pas par les yeux ? Vous pouvez passez outre un film complètement irréaliste, sans subtilité, au montage épileptique et avec une grosse louche de patriotisme ? Ben, si vous avez l’occasion de le voir, pourquoi pas !
Pour terminer, je ne résiste pas à 2 anecdotes concernant le film.
La première, c’est que la NASA utilise le film pour former ses astronautes et… découvrir toutes les erreurs ! Ils semblerait qu’il y a en 168, pour 145 minutes de film !
Enfin, plusieurs années après le film, lors d’une interview de Ben Affleck, lorsque le journaliste aborde le scénario 100% improbable du film, Ben Affleck a expliqué : « Un jour, j’ai fait remarquer à Michael Bay que cela serait plus logique que la NASA entraîne des astronautes à forer plutôt que d’apprendre à des foreurs pétroliers à devenir des astronautes. Il m’a répondu « Ta gueule ! » ». Voilà, tout est dit.
Hidalgo
Extraits vidéo :
Armageddon
Sortie: 1998
Durée: 145 minutes
Genre: Action / film catastrophe
Pays: USA
Réalisation : Michael Bay
Production : Jerry Bruckheimer, Michael Bay et Gale Anne Hurd
Distribution : Buena Vista Distribution
Scénario : Jonathan Hensleigh, Tony Gilroy, J. J. Abrams, Shane Salerno et Robert Roy Pool (5 auteurs, dont J. J. Abrams, pour ça?)
Acteurs principaux: Bruce Willis (Harry Stamper), Billy Bob Thornton (Dan Truman), Ben Afleck (A. J. Frost), Liv Tyler (Grace Stamper), Steve Buscemi (Carotte), Will Patton (Chick Chapple), l’Ours (Michael Clarke Duncan)
Budget : 140’000’000 $
Recettes mondiales: 553’709’788 $