Le magnifique (1973) * * * *

C’est le 6 septembre 2021 que Jean-Paul Belmondo nous quittait, à l’âge de 88 ans. C’était un des acteurs français les plus célèbres et, avec Louis de Funès et Alain Delon, un monstre sacré du cinéma français.

 

Bien qu’il ait tourné avec les plus grands, champion du box office français entre les années 60 et le milieu des années 80, célèbre pour tourner lui-même ses cascades et sa gouaille inimitable, je dois avouer que je le connais peu.

 

J’étais trop jeune lors de l’apogée de sa carrière, et j’ai du voir une dizaine de films avec lui lors de rediffusions. Si j’ai bien aimé L’homme de Rio (1964), Borsalino (1970), Le casse (1971), Peur sur la ville (1975) ou Le marginal (1983), je vais lui rendre hommage en chroniquant Le magnifique (1973), une excellente parodie des films d’espionnage, et de James Bond en particulier.

 

Au Mexique, un espion est éliminé par un requin, après qu’on est jeté en mer la cabine téléphonique dans laquelle il était ! Le super agent secret Bon Saint-Clar (Jean-Paul Belmondo) est dépêché sur place pour retrouver la superbe Tatiana (Jacqueline Bisset), une espionne qui l’attend à l’aéroport avec un pain de campagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout en roulant vers leur hôtel, Bob élimine un ennemi avec encore plus de classe qu’Aldo Maccione, tout comme lorsqu’il se recoiffe en sortant d’une piscine, grâce à un peigne caché dans son maillot !

 

Puis, ils se rendent dans une villa au bord de la plage, le cadre est idyllique, les mariachis sont là (avec la fameuse « Cucurrucucú, paloma », kitch assuré !) et Bob emballe Tatiana, avant qu’ils soient attaqués par une horde d’ennemis armés.

 

Avec Jacqueline Bisset? Gros veinard!

Alors que la bataille fait rage, une femme entre en scène et… passe l’aspirateur dans le sable ! C’est là que s’opère le retour à la réalité. La femme sur la plage est Madame Berger (Monique Tarbès), la femme de ménage de François Merlin (Jean-Paul Belmondo).

 

François écrit des romans de gare, et il a quelques jours pour terminer son roman narrant les nouvelles aventures de Bob Saint-Clar (qui porte ses traits). C’est le 41e roman de Bob Saint-Clar, François est parfaitement conscient qu’il n’écrit pas des chefs d’œuvre mais, pressé par le temps et il lui reste quelques jours pour rendre sa copie.

 

Pendant la bataille, une

femme de ménage arrive et

perturbe François qui écrit

le nouveau Bob Saint-Clar

 

Ahhh, Jacqueline Bisset…

François a pris comme modèle Christine (Jacqueline Bisset), une voisine anglaise, pour écrire le personnage de Tatiana. Quant à son éditeur, Georges Charron (Vittorio Caprioli), il se sert de lui pour mettre en scène le Colonel Karpov, le pire ennemi de Bob Saint-Clar. Comme il se sert d’eux comme modèle, l’histoire évolue par rapport aux interactions qu’il a avec eux.

 

Il va également s’inspirer de ce qui lui arrive dans la vraie vie pour écrire la suite du roman.

 

Tiens, ça t’apprendra à pas faire ton boulot…

Par exemple, lorsque l’électricien (Jean Lefebvre) arrive et refuse de travailler, François crible de balles son alter-ego sur la plage. Ou lorsque son fils lui conseille d’écrire un livre avec de la violence, François écrit un chapitre bien gore…

 

Le magnifique est un des films de Jean-Paul Belmondo les plus rediffusés. C’est un film très drôle, une parodie des films de James Bond.

 

D’un coté, on a Bob l’homme invincible, qui tombe les femmes comme des mouches, abat ses ennemis par grappes, qui pète la classe en sautant dans sa voiture ou se recoiffant en sortant de la piscine. Aldo la classe, c’est un minus à coté.

 

 

Bob a perdu de sa superbe…

Enfin, ça, c’est quand il est bien luné, car si François est de mauvais poil ou vexé qu’on lui rabâche sans cesse Bob Saint-Clar, il se venge sur lui et en fait un vrai loser, qui se vautre en montant en voiture, fout le bordel partout où il passe, est nul au plumard et fait sa chochotte. Tatiana lui dira même « Bob, quand vous allez arrêter de faire le con ? »

 

Dans la partie « Bob Saint-Clar », tout est volontairement exagéré, jubilatoire et très drôle, alors que la partie « réelle » est plus nuancée et subtile. On se prend vite d’affection pour François, qui est divorcé, maladroit, sachant pertinemment qu’il n’écrit pas de bons livres, mais touchant. Et sa vie est très loin de celle de Bob Saint-Clar. Si Bob se pavane dans le luxe au soleil, François vit dans un modeste appartement dans un Paris pluvieux.

 

Pendant que François écrit son

nouveau roman, Christine se passionne

des aventures de Bob Saint-Clar…

 

A noter que le scénario fut co-écrit par Françis Weber et que même s’il y eut un désaccord sur l’histoire avec Philippe de Broca, l’histoire est très bonne et très originale, avec un François qui s’inspire de ce qui lui arrive pour étoffer son récit. Tout juste peut-on lui reprocher un petit ventre mou vers le milieu du film, mais le film est suffisamment drôle et divertissant pour ne pas s’ennuyer.

 

Aldo la classe, quel minus à coté de Bob…

Pour les acteurs, on imagine que Belmondo a du adorer jouer dans ce film, d’autant plus qu’il collaborait pour la 4e fois (6 en tout) avec Philippe de Broca.

 

Si il peut être touchant dans la partie « réelle », il a du prendre son pied en s’autoparodiant et en cabotinant comme personne en Bob Saint-Clar.

 

En plus, il était au sommet de sa forme à l’époque, athlétique et bronzé, à faire pâlir Daniel Craig.

 

Quant aux 2 autres acteurs principaux, on a la superbe Jacqueline Bisset, magnifique actrice aux yeux verts, dont l’accent « british » rajoute à son charme et qui seconde très bien Belmondo.

 

Quant à Vittorio Caprioli, il fut en quelque sorte « imposé » à la production, car le film est une coproduction avec l’Italie.

 

Néanmoins, aucun souci, c’était un très grand acteur italien et il est parfait en Charron/Karpov. A noter que vu ses lacunes en français, il fut doublé en français par Georges Aminel.

 

En définitive, je ne peux que vous conseiller de voir ou revoir Le magnifique. Bien avant la série des OSS 117, de Broca et Belmondo nous avaient déjà fait une excellente parodie des films d’espionnage avec Le magnifique.

 

C’est probablement son film le plus drôle, il se lâche totalement en s’autoparodiant et en en faisant des caisses.

 

La mise en scène est parfaitement rythmée (hormis un petit passage à vide vers le milieu du film), il y a de l’action et des paysages de cartes postales. C’est très drôle et plus subtil dans la partie « réelle », avec une jolie réflexion sur le travail de création de l’écrivain et sur la différence entre la réalité et les fantasmes. Si vous aimez les OSS 117, n’hésitez pas, vous passerez un bon moment. Et puis, il y a Jacqueline Bisset…

 

Hidalgo

 

 

Extraits vidéo :

 

Bande annonce

Extrait: Bob sort le grand jeu pour Tatiana et l’électricien

 

Le magnifique

 

Sortie:               1973

Durée:               95 minutes

Genre:               Comédie, action

 

Pays:                 France-Italie

 

Réalisation:      Philippe de Broca

Production:       Alexandre Mnouchkine, Georges Dancigers, Robert Amon

Distribution:      CCFC, Groupement des Editeurs de Films

Scénario:          Francis Weber, Philippe de Broca, Jean-Paul Rappeneau (script doctor)

Musique:           Claude Bolling

 

Acteurs principaux:     Jean-Paul Belmondo (François Merlin/Bob Saint-Clar), Jacqueline Bisset (Christine/Tatiana), Vittorio Caprioli (Georges Charron/Colonel Karpov), Monique Tarbès (Mme Berger), Jean Lefebvre (l’électricien)

 

Budget:             n.c. (mais gros budget et coproduit)

Recettes :         2’895’800 (entrées en France)

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