Mazinger Z Infinity (2017) * * * *

Le « Mecha » est un sous-genre des animes de science-fiction. Vous savez, ce sont des armures robotisées ou robots géants, piloté par des humains à l’intérieur. A travers des séries ou sagas comme Gundam, Macross (Robotech), Patlabor, Evangelion, Gurren Lagann et tant d’autres, ce genre est toujours très populaire au Japon.

 

L’immense Gô Nagai…

Mais si le terme « mecha » a été introduit avec la première série Gundam en 1979, ce n’est pas elle qui a lancé le genre. En 1972, Gô Nagai, un mangaka qui tient tout du monstre sacré au Japon, avec plus de 360 mangas en 50 ans de carrière, assiste à un embouteillage. Soudain, il lui vient l’idée d’un robot géant piloté de l’intérieur, dans la tête. Cette idée donnera naissance à Mazinger Z en 1972 (et au genre mecha).

 

Les 3 séries sont liées (plus de détails dans la partie écrite en bleu)…

Si Mazinger Z vous fait fortement penser à Goldorak, c’est normal, car c’est le troisième volet d’une trilogie créée par Gô Nagai et les séries sont liées entre elles (j’en parlerais plus loin, dans le texte en bleu).

 

Goldorak a eu un immense succès en France, mais uniquement en France et dans les parties francophones de Suisse et Belgique. Dans le reste du monde et plus particulièrement au Japon, c’est Mazinger Z qui eut un immense succès.

 

L’original de 1972…

Juste avant de lancer le pitch, petit rappel de l’original (même si il n’est pas nécessaire de connaître la saga au préalable). Le professeur Kabuto crée Mazinger Z, un robot géant de 18 mètres de haut. Il est surarmé et presque indestructible grâce à l’alliage Z.

 

Mortellement blessé par les hommes du Docteur Hell, le professeur confie Mazinger Z à son petit fils, Kôji Kabuto (Alcor en vf dans Goldorak), afin de combattre l’armée du Docteur Hell et faire échouer ses plans de conquête du monde. Il y parviendra au bout de 92 épisodes.

 

Promo pour la sortie du film

Quant à Mazinger Z Infinity, il a été réalisé en 2017 pour célébrer les 45 ans de l’original et se déroule après les événements du manga.

 

10 ans ont passés depuis que Kôji a défait l’Empire des Ténèbres du Docteur Hell et la paix est revenue sur Terre. Soudain, le Texas se fait attaquer par une nuée de Mécamonstres. Great Mazinger (le successeur de Mazinger Z), piloté par Tetsuya Tsurugi, lutte avec l’armée humaine pour repousser l’assaut. Une terrible explosion retentit, provoquant la disparition de Great Mazinger.

 

Hormis Mazinger Z, on revoit

également Great Mazinger (qui lui a

succédé) et qui combat toujours…

 

Kôji a changé et Yun est enceinte…

Puis, retour au Japon, où l’on retrouve Kôji Kabuto. Kôji a cessé tout combat et est devenu scientifique. Il se consacre à des fouilles, au grand dam de Sayaka, qui envisage de rompre avec lui, regrettant qu’il la délaisse autant. Elle en parle avec son amie Jun, la femme de Tetsuya, qui est sur le point d’accoucher.

 

Lors de recherches au Mont Fuji, Kôji et ses hommes découvrent une structure gigantesque profondément enterrée et détecte des signes de vie. Il en extrait Lisa, un module de contrôle à l’apparence de jeune femme, qui répète plusieurs fois « Guragon ».

 

La structure en question est un robot gigantesque qui mesure près de 250 mètres de haut (contre 18 pour Mazinger Z). Lisa a le pouvoir d’activer Guragon – que Kôji rebaptise Infinity – mais, devant sa grande puissance qui peut en faire un dieu ou un démon, Kôji décide de prendre Lisa sous son aile.

 

Lisa est une androïde avec des émotions et des sentiments, qui se comporte un peu comme un grand enfant, très naïve et émerveillée par tout ce qu’elle découvre.

 

Des retrouvailles chaleureuses…

Alors qu’ils apprennent l’attaque au Texas et la disparition de Tetsuya, ils sont attaqués par le Baron Ashura et le Comte Broken, les seconds du Docteur Hell. Sans trop spoiler, les troupes ont survécu, car elles proviennent d’un univers parallèle et veulent s’emparer de Guragon / Infinity.

 

Comme Lisa refuse de l’activer, le Docteur Hell se sert de Tetsuya comme catalyseur. Kôji, aidé de Lisa, va devoir reprendre les commandes de Mazinger Z pour libérer Tetsuya et sauver une nouvelle fois la Terre du Docteur Hell et de son armée…

 

Les fans seront aux anges,

avec de nombreuses

références et un gros bon

pour la réalisation…

 

de gauche à droite: Great Mazinger, Grendizer (Goldorak) et Mazinger Z

Kôji réduit au rôle de partenaire? Ca n’a pas passé…

La partie en bleu est consacrée au lien entre Mazinger Z et Goldorak. Si cela ne vous intéresse pas, la suite de la chronique du film est en noir.

 

Comme je l’ai dit Mazinger Z et Goldorak sont liées. Je vais essayer de résumer. Après avoir créé Mazinger Z en 1972, le succès est immense et Gô Nagai crée dans la foulée le spin-off Getter Robo (1974), Great Mazinger (1974) et Ufo Robot Grendizer (1975), plus connu chez nous sous le nom Goldorak.

 

Elles seront toutes adaptées en séries animées. Mais pourquoi, Goldorak, mieux réalisée et animée que les séries précédentes, a eu moins de succès au Japon ?

 

Si Kôji avait été co-héros avec Duke / Actarus, Goldorak aurait sûrement eu plus de succès au Japon…

Vous vous rappelez de Kôji Kabuto, le pilote et héros de la série Mazinger Z ? Si je vous dis que dans Goldorak, Kôji Kabuto s’appelle Alcor, vous percutez ? Les fans de Mazinger Z n’ont pas du tout apprécié qu’Alcor soit rélégué au rang de simple partenaire au lieu de co-héros avec Duke Fleed / Actarus.

 

De plus, presqu’aucune allusion à Mazinger Z n’est présente (quid de Sayaka ?). Sans faire un bide, Goldorak n’eut pas le succès escompté au Japon.

 

Si Goldorak a eu un immense succès en France dès sa première diffusion en 1978 (et qui continue sur la chaîne Mangas), c’est probablement parce que c’est une des premières séries animée japonaise à avoir étée diffusée et que personne ne connaissait Mazinger Z ni Kôji / Alcor. Et bon, soyons honnête, c’est aussi parce que Goldorak est une excellente série.

 

Si j’ai eu la chance de découvrir Mazinger Z plus jeune, c’est que j’allais chaque année en Espagne en été et la série a été plusieurs fois rediffusée et qu’on la regardait avec mes cousins et mon frère. Quant à la France, Mazinger Z reste relativement méconnue, malgré une unique diffusion en 1989 de 24 épisodes (sur 92) dans l’émission Graffi’6 sur M6 et les 6 tomes du manga sont disponibles depuis 2016 chez Blackbox. Après cette longue parenthèse, retour sur la chronique du film.

 

Ca m’a pris du temps, mais voici les personnages principaux avec une petite présentation

 

Avec Mazinger Z Infinity, les auteurs voulaient moderniser l’œuvre de Gô Nagai tout en restant fidèle à la série originelle. On peut dire que de ce point de vue, c’est réussi et on sent que les personnes impliquées sur le film étaient des fans du manga et de l’anime Mazinger Z. Avec un budget généreux et des grands noms aux postes clés (Junji Shimizu à la réalisation, Takahiro Osawa au scénario), le film est visuellement magnifique, très coloré et bien animé.

 

quelque soit le type de

scène, le film est magnifique

visuellement, coloré et très

bien animé…

 

 

 

 

 

 

Boss tient un restaurant de ramens

Au niveau du scénario, même si les grandes lignes sont simples, il est plus étoffé que la moyenne et réserve des surprises (ne serait-ce que par l’étonnant plan du Docteur Hell). Le fait de placer l’intrigue 10 ans plus tard permet de moderniser et de développer d’autres thématiques (la photo-énergie, la course à la puissance, le gaspillage).

 

Kôji va t’il enfin se décider?

Mais bien entendu, ce qui nous intéresse le plus, c’est de voir l’évolution des personnages, qui ont clairement mûri. L’effet nostalgie fonctionne, avec un Kôji moins impulsif et « loubard » et sa relation avec Sayaka a évolué (fini les prises de bec). On retrouve avec plaisir le trio Boss, Nuke et Mucha, Shiro et Tetsuya et Yun (qui eux proviennent de Great Mazinger), même si ils sont en retrait.

 

Le seul nouveau personnage est Lisa (qui physiquement rappelle beaucoup Rei Ayanami d’Evangelion). Si, au début de l’histoire, elle est très naïve et s’émerveille facilement, sa nature d’androïde dotée d’émotions va faire peu à peu la faire basculer sur des questionnements sur elle-même et sa condition, sans toutefois atteindre la complexité d’un Ghost in the shell. Elle va néanmoins s’avérez déterminante dans le dernier quart du film.

 

Mais, bien sûr, Mazinger Z ne serait pas Mazinger Z sans une bonne dose de combats de robots. Même si il y a un petit creux vers la moitié du film (malgré la première tentative avortée), dès que l’action est là, on en prend plein la vue !

 

Les combats, entre robots ou non, sont impressionnants, très bien animés, colorés et toujours lisibles. Ils sont inventifs, très dynamiques et le design des machines allient de façon réussie un mélange entre tradition et modernité. Du très bon travail, qui réjouira les fans.

 

Les combats sont

dantesques, ils en mettent

plein la vue, tout en restant

très lisibles…

 

Les fans seront aux anges, mais quid nouveaux venus?

Et c’est peut-être là le plus gros défaut de Mazinger Z Infinity. Si vous n’êtes pas familier de Mazinger Z ou, au moins, de Goldorak, un public non-initié risque d’être totalement imperméable. Certes, tout le monde arrivera à comprendre l’histoire, mais le film est clairement destiné aux fans.

 

Hormis Lisa, aucun personnage n’est introduit, on voit leur évolution, mais le film ne donne aucune information de leur passé, ne cherchant pas à conquérir un nouveau public.

 

Si le fan aura une petite larme d’émotion avec le nom des attaques, des combats dantesques, les thèmes réorchestrés, le combat humoristique de Boss où l’extrait vidéo en fin de chronique, qui est un hommage au générique original, ceux ne connaissant pas cet univers risquent de rester de marbre.

 

Cela s’est ressenti au niveau du box-office. Sorti dans quelques pays dont, surprise, la France (dans un nombre de salles limitées), le film a amassé un peu moins de 5 millions de dollars pour un budget de 8.

 

Mais, comme le public visé était les plus de 30 ans (voir 40) et que beaucoup de fans de mangas sont collectionneurs, les ventes de DVD/Bluray ou la VOD ont permi au film d’être bénéficiaire. Quant on connaît l’effondrement des ventes de DVD et Bluray, c’est assez rare pour être souligné.

 

Sinon, malgré quelques trailers qui ont circulé comme quoi un film de Grendizer / Goldorak serait en préparation, les prochains animés tirés de l’univers de Gô Nagai seront centrés sur Devilman et Cutey honey, les 2 autres personnages les plus connus du mangaka.

 

Cela pourrait en inciter certains à découvrir l’œuvre de Gô Nagai, une œuvre colossale dans une multitude de genres différents, les robots géants n’en représentant qu’une tout petite partie.

 

En conclusion, Mazinger Z Infinity est un très bon film d’animation. Il fait honneur à la série originelle, tout en la modernisant. Le film est magnifique, avec une réalisation soignée, cela fourmille de détails, c’est très coloré, bien animé, les combats sont dantesques et en mettent plein la vue. Et quel plaisir de retrouver tous les personnages du manga originel.

 

Mais, et c’est peut-être aussi son plus grand défaut, le film est avant tout destiné aux fans de Mazinger Z (ou Goldorak), et pourra laisser les non-initiés indifférents, même si l’histoire est facile à suivre. Pour ma part, c’est du tout bon ! Mazinger, go !

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande annonce (vf)

Extrait: décollage de Mazinger Z (vost)

Actu manga: reportage en français de 20 mins sur Gô Nagai et le film Mazinger Z Infinity

 

Mazinger Z

 

Sortie:               2017

Durée:               94 minutes

Genre:               Anime / mecha / science-fiction

 

Pays:                Japon

 

Réalisation:      Junji Shimizu

Production:       Toei Animation

Distribution:      Toei Animation (Japon), Viz media (USA), Eurozoom (France)

Scénario:          Takahiro Ozawa, d’après le manga Mazinger Z de Go Nagai

Musique:          Toshiyuki Watanabe

 

 

Acteurs principaux:     Arnaud Ducret (Kôji Kabuto), Magali Rosenweig (Sayaka Yumi), Maelys Ricordeau (Lisa), Thierry Desroses (Dr Hell), Bruno Magne (Boss)

 

Budget:             8’000’000 $

Recettes :         4’812’371 $ (exploitation cinéma)

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