Unstoppable (2010) * * * *

Pour celles et ceux qui ont lu la FAQ du site, vous savez que si ma formation de base est graphiste, j’ai par la suite réorienté ma carrière comme cheminot (chef circulation des trains, puis conducteur de locomotive (voyageurs et marchandises)).

 

Tony Scott

Avec ma carrière de cheminot, Unstoppable, un film réalisé en 2010 par Tony Scott, un spécialiste des films d’action et inspiré de l’histoire vraie d’un train sans conducteur lancé à vive allure sur des voies et transportant des matières dangereuses ne pouvait que m’intéresser.

 

De plus, sans trop entrer dans les détails, au cas où cela vous intéresse, j’apporterais quelques explications pour aider à la compréhension des événements (en bleu) et si le film est réaliste ou pas. Et promis, ce sera court et j’éviterais les termes trop techniques, imaginant bien que la majorité d’entre vous ne sont pas cheminots.

 

Will Colson (Chris Pine), jeune chef de train dans une compagnie locale, doit travailler en équipe avec un mécanicien de locomotive (conducteur) qui a plus de 20 ans d’expérience, Frank Barnes (Denzel Washington).

 

L’accueil n’est pas très chaleureux, Frank et ses amis se plaignant que l’entreprise licencie à tour de bras pour engager des jeunes moins chers qui ont été pistonnés (ce qui est le cas de Will).

 

Alors qu’ils prennent tous les 2 leur service, dans une autre gare, Dewey (Ethan Suplee) doit déplacer le train 777, long 800 mètres, sur une voie de garage. Les freins à air ne sont pas raccordés au convoi (ce qui aura une lourde conséquence pour la suite) et Dewey remarque qu’un aiguillage n’est pas en bonne position.

 

Plutôt que de s’arrêter, il réduit la vitesse et descend du train en marche pour tourner l’aiguillage lui-même !!! Mais, la manette bouge et le convoi se remet à accélérer. Dewey tente de remonter dans le train, mais le convoi a pris de la vitesse et il se vautre lamentablement.

 

Une bourde monumentale et

inconsciente qui s’est pourtant bien

passée! Et sans frein à air en plus!

 

 

 

 

 

 

Le train n’est plus là, il se déplace plus vite que prévu, il n’est pas à la dérive…

Le train 777 est lancé à 70 miles à l’heure (environ 110 km/h), sans conducteur, avec les systèmes de sécurité inopérants (j’y reviendrais plus tard) et avec notamment 8 citernes remplies de phénol, un produit chimique très dangereux et hautement inflammable.

 

Toutes les tentatives entreprises par Oscar Galvin (Kevin Dunn) pour tenter d’arrêter le train vont toutes échouer. La dernière chance ? Que Frank et Will tentent de rattraper le train 777 et l’arrêtent avant qu’il arrive à Stanton.

 

Les nombreuses tentatives pour

arrêter le train vont toutes échouer. Mais il

reste le train de Frank et Will…

 

A Stanton, il y a un viaduc qui effectue un virage très serré juste au-dessus de réservoirs d’essence. Vu sa vitesse, le train 777 s’écrasera dessus et avec les produits toxiques qu’il transporte, il pourrait tuer des dizaines de milliers de personnes. Ils ont 100 minutes, et Frank et Will seront aidés par Connie (Rosario Dawson), responsable de la circulation des trains.

 

Les véritables lieux du drame. Pas très sexy…

Le film s’inspire de l’incident du CSX 8888 qui eu lieu dans l’Ohio en 2001. Je dis inspiré, car même si effectivement, un train sans conducteur a dérivé pendant plus de 100 km avec des produits toxiques, la réalité est nettement moins « dramatique » et spectaculaire que le film.

 

De plus, l’action du film se déroule en Pennsylvanie et non en Ohio pour des raisons « esthétiques », les paysages du lieu du drame manquant d’attrait visuellement parlant (si vous préférez, c’est moche).

 

En bleu, petit encart avec explications (très simplifiées) dans le domaine ferroviaire. La suite de la chronique est en noir.

 

La dernière rotonde utilisée en Suisse est à Delémont. Elle n’est utilisée que pour quelques courses historiques de trains à vapeur.

Unstoppable démontre l’état des chemins de fer aux Etats-Unis de nos jours. S’ils ont joué un grand rôle lors de la conquête de l’Ouest, les voyageurs utilisant le train aux Etats-Unis ne représentent plus que 1,4%. Par contre, les marchandises qui transitent par le train représentent 40% du fret, soit plus que par la route. Ce sont des compagnies privées qui gèrent les lignes, et elles sont nettement plus intéressées par le profit que par l’entretien du réseau.

 

Par rapport à la Suisse, on constate que le réseau est vétuste et quasi-désaffecté. Ils utilisent encore des rotondes (plus qu’une en Suisse), que leurs lignes sont sans block (permet de « connaître » la position d’un train) et que si la locomotive 777 est relativement récente, celle qu’utilisent Frank et Will (dans la norme) est franchement archaïque.

 

Et dire que certains n’aiment pas le cockpit des Re 420, car soi-disant trop vieillot…

Ce genre d’incident n’aurait pas pu se produire en Suisse et, je pense, dans la majorité des pays d’Europe. Déjà, le réseau est électrifié, les locomotives diesels ne servant presqu’exclusivement que sur les chantiers où les gares marchandises.

 

Et un train aussi lourd n’aurait jamais pu rouler avec les freins à air non raccordés. Un essai de frein complet aurait été effectué et validé avant que le train reçoive l’autorisation de bouger.

 

C’est sur les freins à air qu’agissent les principaux systèmes de sécurité du train, qui l’arrêtent complètement si le conducteur ne réagit pas (marche rapide et lente), franchit un signal à l’arrêt ou roule trop vite. Raison pour laquelle le train d’Unstoppable ne s’arrête pas.

 

Ca, c’est clairement du cinéma

Mais comment est Unstoppable au niveau réalisme ? Très réaliste, comme Apollo 13, ou complètement à la ramasse et qui ne respecte aucune règle comme Armageddon (les 2 chroniqués sur cinemaster)? Et bien, c’est un peu entre les 2.

 

Si certains points sont assez fidèles, d’autres, comme les communications radio, sont clairement faites pour le cinéma. De plus, certains « comportements » du train sont irréalistes, destinés à renforcer le coté « spectaculaire » du film.

 

Mais justement, qu’es-ce que j’ai pensé d’Unstoppable ? Mis à part le coté « à moitié réaliste » qui ne parlera qu’aux cheminots, c’est un très bon film d’action. Déjà, avec un spécialiste du genre comme Tony Scott, nous avons droit à une réalisation nerveuse et réaliste, qui fait l’impasse sur les effets numériques (à une seule exception). Les cascades ont également le bon goût d’être faites « à l’ancienne », sans fond vert.

 

 

Les scènes d’action sont spectaculaires, les 20 dernières minutes ayant une tension et un suspens de tous les instants. C’est également renforcé du fait que le film se déroule pratiquement en temps réel. De plus, il n’y a pas vraiment de méchant dans le film, puisque c’est un train ! Un train qui est néanmoins filmé de manière menaçante, froide et déterminée , qui est « inarrêtable » (d’où le titre du film).

 

Connie (Rosario Dawson) a du pain sur la planche…

Le seul reproche que je ferais à la réalisation, c’est l’utilisation des travellings « tournants » (je ne connais pas le terme exact), qui sont un peu trop souvent utilisés à mon goût. Je pourrais aussi pinailler sur le fait que dans quelques plans, on distingue facilement que le train ne roule pas à 70 miles (pour des raisons évidentes de sécurité), mais pourquoi ne pas avoir accéléré ces passages ?

 

Si vous regardez attentivement, vous verrez un blaireau traverser la voie…

Si l’histoire est somme toute assez simple, elle est prenante, bien rythmée et nous tient en haleine jusqu’au bout.

 

De plus, le film apporte une certaine épaisseur aux personnages principaux, avec Frank, en vieux cheminot désabusé qui tente d’élever ses filles depuis qu’il est veuf et Will, qui désire faire ses preuves comme chef de train et arranger les problèmes dans son couple. Et leur tandem fonctionne bien.

 

Puisqu’on parle des acteurs, le trio Washington – Pine – Dawson sont très bons, même si je mettrais Chris Pine légèrement en retrait. Et, pour finir, le film se permet d’apporter un regard critique et grinçant sur la course au profit et la dimension consumériste de l’information (avec les flashs info ou les hélicoptères volant tout près du convoi).

 

 

En définitive, Unstoppable est un très bon film d’action qui se déroule dans le domaine ferroviaire. C’est aussi le dernier film de Tony Scott, qui nous a quitté en 2012. Inspiré d’une histoire vraie, il risque de faire tiquer les cheminots sur certains points (il est « à moitié » réaliste). Les acteurs sont bons et le film a le bon goût d’apporter une certaine épaisseur aux personnages principaux.

 

Pour le reste, malgré une histoire simple, le film est haletant, sans temps morts, avec une réalisation nerveuse et des scènes d’action spectaculaires qui ont le bon goût d’être faites à l’ancienne (sans cgi). Si vous cherchez un très bon film d’action original se déroulant presqu’en temps réel, Unstoppable devrait vous plaire.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

bande annonce fr

extrait: une bourde monumentale (fr)

extrait 2: la véritable histoire (vo)

 

Unstoppable

 

Sortie:               2010

Durée:               98 minutes

Genre:               Histoire vraie / action

 

Pays:                 Etats-Unis

 

Réalisation :      Tony Scott

Production :       Tony Scott, Julie Yorn, Eric McLeod et Mimi Rogers

Distribution :      20th Century Fox

Scénario :          Mark Bomback

Musique :          Harry Gregson-Williams

 

Acteurs principaux:     Denzel Washington (Frank Barnes), Chris Pine (Will Colson), Rosario Dawson (Connie Hooper), Kevin Dunn (Oscar Galvin), Kevin Corrigan (inspecteur Werner), Jessy Schram (Darcy Colson)

 

Budget :             100’000’000 $

Recettes :          167’805’466 $

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.