L’assassinat de John F. Kennedy en 1963 à Dallas a donné lieu à une quantité colossale d’ouvrages, reportages ou films. Il faut dire que la thèse officielle de la commission Warren, qui conclu que Lee Harvey Oswald était un tireur isolé est très peu crédible, ne serait-ce que par la fameuse « balle magique ».
Aux Etats-Unis, 76% des personnes sont persuadées que l’assassinat de Kennedy était un complot (soit plus d’un tireur). La question est de savoir qui est le commanditaire, et autant dire que les théories abondent, des plus plausibles (CIA, Cuba, vice-président) aux plus farfelues (extraterrestres, par maladresse (oui !)).
L’œuvre la plus connue concernant l’assassinat de Kennedy est probablement JFK, un excellent film réalisé en 1991 par un réalisateur engagé et contestataire, qui n’hésite pas à égratigner la politique et les travers de la société américaine, Oliver Stone.
Le film retrace l’histoire vraie (malgré quelques «rajouts») du combat de Jim Garrison, qui remit en cause les conclusions de l’assassinat de Kennedy et orienta son enquête sur un complot.
22 novembre 1963 à 12h30 à Dallas, alors que le cortège présidentiel traverse à vitesse réduite la Dealey Plaza, John F. Kennedy est mortellement blessé par balles. A 14h, Lee Harvey Oswald est arrêté, suspecté du meurtre de John F. Kennedy. 2 jours plus tard, lors de son transfert en prison, Oswald est abattu par Jack Ruby, un mafieux tenant une boîte de nuit (pour soi-disant « venger » Jackie Kennedy).
Le procureur de Louisiane Jim Garrison (Kevin Costner) remarque que plusieurs pistes liée à la mort de Kennedy remontent jusqu’à La Nouvelle-Orléans. Il commence son enquête, mais avec la mort d’Oswald (Gary Oldman), on lui demande de boucler l’affaire.
Selon la commission Warren, chargée de faire la lumière sur les circonstances du drame, il ne fait aucun doute que Lee Harvey Oswald, un communiste convaincu, a agi seul. Peu satisfait des conclusions du rapport, Jim Garrison décide de rouvrir l’enquête 3 ans plus tard. Il est persuadé que l’assassinat de Kennedy cache un complot.
Dès lors, avec l’aide de son équipe, il va reprendre l’enquête qui durera plusieurs années, remontant la piste. Ils seront victimes d’intimidations et de menaces de mort, mais Garrison tiendra bon, même lorsqu’il verra sa relation avec sa femme Liz (Sissi Spacek) se dégrader petit à petit.
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Je préfère vous laisser découvrir l’enquête de Jim Garrison, qui débute après environ 20 minutes de film. Je suis presque sûr que plusieurs personnes auront arrêté leur lecture avant d’en arriver à ce stade. Ils ont du penser qu’un film sur l’assassinat de Kennedy, ça doit être hyper chiant, indigeste, pro américain et, en plus, il dure 3h09. Si quelqu’un a imaginé cela, quelle erreur !!! JFK est en effet passionnant !
Si le postulat de départ pourrait en refroidir plus d’un, c’est Oliver Stone qui est derrière les manettes. Il en a sous le pied et il a su s’entourer de personnes talentueuses pour réaliser une œuvre qui, près de 30 ans après sa sortie, est toujours aussi percutante et n’a pas pris une ride.
A peine après avoir fini de lire On the trail of the Assassins de Jim Garrison, Oliver Stone s’empresse d’acquérir les droits en déboursant 250’000$ de sa poche, ainsi que Crossfire, the plot that killed Kennedy de Jim Marrs, un auteur adepte de la théorie du complot.
Afin de bien maîtriser son sujet, il met en place une jeune diplômée de Yale à la tête d’une équipe de chercheurs pour collecter autant d’informations que possible autour de l’assassinat.
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Dans un souci d’authenticité, Oliver Stone a tenu à tourner sur les lieux même de l’assassinat, y compris depuis la fenêtre d’où Lee Harvey Oswald aurait tiré. La reconstitution des lieux et les décors ont fait preuve d’un soin tout particulier, avec un souci du détail tel qu’il est très difficile de différencier des images d’archives des scènes tournées pour le film (Stone utilisant parfois les mêmes types de bobines qu’à l’époque).
En plus de cela, Oliver Stone a disposé d’un casting 3 étoiles. Tous les acteurs dans JFK sont épatants. Tous ! Si l’on a des valeurs sûres, comme Joe Pesci ou Gary Oldman, il y aussi quelques surprises, comme John Candy, spécialisé dans les comédies. Quant à Kevin Costner dans le rôle de Jim Garrison, il est excellent et a un des meilleurs rôles de sa carrière.
Le tournage c’est déroulé sur 72 jours, une durée étonnamment courte pour un film de cette ampleur. Mais, si JFK est excellent, ce n’est pas uniquement dû aux recherches sur le sujet, une reconstruction brillante, un excellent casting, la musique de John Williams ou une mise en scène inspirée d’Oliver Stone. C’est également du au montage.
Les 2 pointures (Joe Hutshing et Pietro Scalia) qui s’occupèrent du montage ont réussi le tour de force de rendre le film passionnant. La tâche était très loin d’être facile, car ils vont devoir traiter une quantité hallucinante d’archives avec les scènes tournées par Oliver Stone pour en faire un film cohérent, digeste et intéressant, en l’espace de seulement 5 mois.
Si l’on rajoute que les scènes de JFK jonglent entre archives, pellicules 35 et 16 mm, journaux tv d’époque, Super 8 et images de vidéosurveillance, on se rend compte de la tâche titanesque qui leur fut assignée. Cette multiplicité de formats renvoie en quelque sorte à la multiplicité des théories sur l’assassinat. L’oscar 1992 du meilleur montage est plus que mérité.
Lors de sa sortie, Oliver Stone affrontera une grosse polémique (il n’avait pas encore réalisé Tueurs nés). Pour un film aussi radical que JFK, Oliver Stone a pris certaines libertés par rapport à la réalité historique, notamment pour la théorie avancée (que je ne vous révélerai pas) dans le film, et avoir rajouté des faits.
Oliver Stone justifiera ses choix en présentant une version annotée de son scénario. Mais étais-ce nécessaire ? Pour des questions de rythme et de suspense, peut-être. Mais il y avait déjà beaucoup de matière, ne serais-ce qu’entre le rapport plus que douteux de la commission Warren, la très mauvaise arme d’Oswald, la fameuse « balle magique », les morts mystérieuses de personnages clés, le film de Zaprunder (qui montre clairement l’assassinat de Kennedy, et la balle reçue par l’avant), gardé secret pendant 12 ans, et pleins d’autres événements que je vous laisserai découvrir.
Juste avant de conclure, le succès (mérité) au box-office de JFK permit de déclassifier une grande partie des documents concernant l’assassinat de Kennedy. En 2017, Trump déclassifia de nouveaux documents, mais 1100 pages sont caviardées (certains passages sont volontairement illisibles). Quant aux 200 pages les plus sensibles, elles sont toujours classées secret défense. Il faudra attendre 2038 avant d’avoir accès à tous les documents sans censure.
En définitive, alors que JFK aurait pu n’être qu’un film indigeste et soporifique, il n’en est rien ! C’est un excellent film que je vous conseille vivement et qui n’a pas pris une ride depuis sa sortie. Très brillement mise en scène par Oliver Stone, l’enquête est passionnante, sans temps morts, servi par une reconstitution minutieuse, la musique de John Williams, un montage ultra-efficace et des acteurs au sommet de leur art.
Hidalgo
Extraits vidéo :
JFK
Sortie: 1991
Durée: 189 minutes
Genre: drame / histoire vraie
Pays: Etats-Unis
Réalisation : Oliver Stone
Production : A. Kitman Ho, Oliver Stone, Clayton Townsend et Arnon Milchan
Distribution : Warner Bros., StudioCanal, Regency Enterprises
Scénario : Oliver Stone et Zachary Sklar, d’après le livre On the Trail of the Assassins de Jim Garrison et Crossfire, the plot that killed Kennedy de Jim Marrs
Musique : John Williams
Acteurs principaux: Kevin Costner (Jim Garrison), Tommy Lee Jones (Clay Shaw), Garry Oldman (Lee Harvey Oswald), Jay O. Sanders (Lou Ivon), Sissy Spacek (Liz Garrison), Joe Pesci (David Ferrie)
Budget : 40’000’000 $
Recettes : 205’405’498 $
Récompenses :
Oscars 1992 :
meilleure photographie, meilleur montage
Golden Globes 1992 :
meilleur réalisateur
BAFTA 1993 :
meilleur montage, meilleur son
Eddie awards 1992 :
meilleur montage
Awards of the Japanese Academy 1993 :
meilleur film étranger
Blue Ribbon Awards 1993 :
meilleur film étranger
Empire Awards 2000 :
movie masterpiece award