Kevin Costner est un acteur qui a joué dans plus d’une soixantaine de films, mais n’a réalisé que 3 films dans sa carrière. Tout d’abord avec le chef d’œuvre Danse avec les loups (1990), puis le décevant The postman (1997) et enfin l’excellent Open range (2003). Depuis la deuxième moitié des années 70, les westerns sont tombés en désuétude, ne sortant qu’une poignée de bons films par décennie. Et Open range en fait partie.
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Boss Spearman (Robert Duvall) et son bras droit, le taciturne Charley Waite (Kevin Costner) sont éleveurs itinérants. Cela veut dire qu’ils élèvent du bétail, mais n’ont pas de terres. Ils se déplacent avec leur troupeau, allant de pâturage à pâturage. C’est un métier qui a disparu aux Etats-Unis, mais en 1882, devant l’immensité des terres, dont beaucoup n’étaient pas exploitées, c’était tout à fait légal.
Boss et Charley sont accompagnés par Mose Harrison (Abraham Benrubi), une armoire à glace, et Button (Diego Luna), un jeune mexicain livré à lui-même avant que Boss et Charley ne le prennent sous leurs ailes.
Un violent orage les oblige à rester sur place. Le lendemain, la prochaine ville sur leur destination étant loin, Boss demande à Mose d’aller acheter du ravitaillement à Harmonville, la ville la plus proche, à une journée de cheval.
Mais, au bout de 2 jours, Mose ne revient pas. Boss et Charley partent à sa recherche, laissant Button pour garder le troupeau et leur matériel.
Arrivé à Harmonville, ils apprennent que Mose a été emprisonné, suite à une bagarre. Mose étant doux comme un agneau, ils ne comprennent pas et vont voir le shérif Poole (James Russo). Ils découvrent très vite que Poole est corrompu par Denton Baxter (Michael Gambon), un riche rancher qui fait la loi sur la région, et qui ne cache pas sa haine envers les éleveurs itinérants.
Après avoir récupéré Mose dans un sale état, Boss et Charley l’emmènent chez le docteur Barlow (Dean McDermott), assisté de Sue (Annette Bening). Ils décident de vite repartir, ayant peur que les hommes de Baxter volent leur bétail.
A leur retour, Button les informent que des hommes rôdent aux alentours. Comme ils le craignaient, des hommes de Baxter sont là pour leur troupeau. Boss et Charley attendent la nuit pour leur tendre une embuscade et les désarmer. Mais à leur retour à leur campement, ils découvrent avec effroi que Mose et Tig (le chien) ont étés abattus. Quant à Button, il est grièvement blessé, entre la vie et la mort.
Ils retournent précipitamment à Harmonville pour faire soigner Button. Le docteur étant en déplacement, c’est Sue qui va prendre soin de lui. Alors qu’un violent orage éclate à Harmonville, Boss et Charley décident de se venger. Une confrontation entre Boss et Charley d’un coté et Baxter et ses hommes semble inévitable, au milieu des habitants terrorisés.
Néanmoins, Boss et Charley étant coincés sur place par l’orage et Button luttant pour sa vie, ils auront le temps de sympathiser avec de nombreuses personnes, dont le brave Percy (Michael Jeter), Mack (Peter MacNeill) ou Ralph (Cliff Saunders). Quant Boss demande à Mack pourquoi il ne se défend pas contre Baxter, celui-ci lui répond « Je n’ai pas élevé mes enfants pour les voir mourir ». Et Charley de rétorquer « Il y a des hontes à coté desquelles mourir n’est rien ».
De plus apparaît une attirance grandissante entre Charley et Sue. La pluie ayant cessé, juste avant la confrontation, la scène entre Charley et Sue est une des plus belles du film, tout en retenue. Même si vous avez déjà deviné qu’il y aura une fusillade, je ne vais pas vous spoiler la fin.
Après l’échec de The postman (décevant mais pas complètement raté non plus), Kevin Costner se remet en selle (gag !) et nous prouve son talent de réalisateur en signant avec Open range un grand western. Pas au niveau du mythique Danse avec les loups (qui est un de mes films préférés), mais clairement un des meilleurs westerns depuis la fin de son âge d’or.
Malgré une histoire et une intrigue somme toute classique, le film est très bien mené. Les personnages et les dialogues sont très bien écrits, mais ce qui se dégage le plus, c’est l’humanité du film.
Oui, ce film à une âme, tous les personnages ont une vraie personnalité, on a un coté nostalgique avec le mode de vie de Boss et Charley, alors que le monde dans lequel ils vivent est voué à disparaître. Et la BO est de toute beauté, majestueuse ou mélancolique.
Quant à la mise en scène, tout comme Danse avec les loups ou The postman, Costner met en valeur les magnifiques paysages de l’ouest américain. Les teintes dominantes du film, le vert et le brun, sont en parfait accord avec le sujet du film, authentique et rude. Le rythme est lent, contemplatif (du moins au début), mais pas du tout chiant ! Il prend le temps de développer ses personnages et de s’attacher à eux.
Et enfin, comment ne pas parler de la fusillade ? D’une durée d’environ 15 minutes, elle est juste épique ! Très bien mise en scène, sans temps morts, elle se déroule en 2 parties, la première à coté de l’écurie avec quelques hommes, (j’ai mis un petit extrait vidéo du tout début de la fusillade), la deuxième dans la ville d’Harmonville. A noter toutefois que si la fusillade est très bien réalisée, tendue et pleine de suspense, elle est « réaliste », c’est-à-dire que ceux qui espèrent une fusillade avec une cinquantaine de morts et plein de sang seront déçus.
Dans Open range, même si l’amitié, la solidarité, l’amour ou la vengeance occupent une place importante, c’est le duo entre Boss et Charley qui est le point fort du film. Ils travaillent ensemble depuis 10 ans et sont amis, mais ne se connaissent pratiquement pas !
Charley est taiseux, il n’a jamais parlé de sa vie antérieure et Boss n’a pas voulu en savoir plus. Ce n’est qu’au cours des événements du film que l’on en apprendra plus sur le passé très sombre de Charley, donnant un petit coté crépusculaire à ce western.
Certes, la relation Boss – Charley et, dans une moindre mesure, Charley – Sue sont les points forts du film, avec une force et des dialogues bien écrits, encore faut il que l’interprétation suive.
A ce niveau, aucun souci, l’interprétation est trio Duvall – Kostner – Bening est excellente, avec une préférence pour Robert Duvall, juste parfait en Boss Spearman (avis personnel, il méritait plus une nomination aux Oscars 2004 que Johnny Depp en… Jack Sparrow !). Et Annette Bening n’est pas un simple faire valoir, son rôle gagnant de plus en plus d’importance au cours de l’intrigue.
Open range ne fut pas simple à réaliser. Après le semi-échec de Waterworld (1995), et le flop de The postman (1997), Kevin Costner n’était plus l’acteur bankable de la première moitié des années 90, malgré de bons films ayant (moyennement) marché, comme Une bouteille à la mer ou Thirteen days. Le dernier western à avoir bien marché était l’excellent Impitoyable (1992), et les gros studios ne semblaient pas enclins à le financer (on était en 2002).
Comme pour Danse avec les loups, il dû repasser par les filières du cinéma « indépendant » pour financer Open range et également le financer en partie lui-même. Budget serré, mais liberté artistique, Kevin Costner a pu faire le film qu’il souhaitait, en rendant hommage et en transmettant cette passion sincère qu’il a pour les westerns.
Le résultat ? 68 millions au box-office, pour un budget de 22 ! Et pour terminer dans les westerns, depuis 2018, Kevin Costner produit et joue dans la série Yellowstone, que je n’ai pas vue, mais qui est parait-il excellente.
Bon, je me suis un peu égaré, mais même si Open range est excellent, il n’est pas parfait. Déjà, le film met un peu de temps à démarrer, avec un début contemplatif prenant le temps de poser le décor (et encore, des films comme ceux de Sergio Leone mettent très longtemps à démarrer) et il y a quelques longueurs. Mais peut-être son seul défaut être d’être très classique. Il ne révolutionne en rien le genre, mais il est très bien réalisé et interprété.
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A travers Open range, Kevin Costner nous démontre son amour et son talent pour le western en réalisant un grand western, le meilleur depuis Impitoyable (quoique, Django unchained est excellent également, mais dans un genre assez différent).
Je ne peux que vous le conseiller, que cela soit pour ses magnifiques paysages et bande-son, une histoire poignante, des personnages attachants et très bien interprétés avec des thèmes forts. Même ceux qui n’aiment pas les westerns devraient l’apprécier, car Open range n’est pas seulement un grand western, c’est un grand film, tout simplement.
Hidalgo
PS: désolé pour la qualité de certaines photos, je les ai prises sur mon écran et mon appareil n’est plus de première jeunesse…
Extraits vidéo :
Open range
Sortie: 2003
Durée: 140 minutes
Genre: western
Pays: USA
Réalisation: Kevin Costner
Production: Jake Eberts, David Valdes et Kevin Costner (via Tig Productions)
Distribution: Touchestone Pictures
Scénario: Craig Storper, d’après l’œuvre de Lauran Pain, The open range men
Musique: Michael Kamen et Julianna Raye
Acteurs principaux: Robert Duvall (Boss Spearman), Kevin Costner (Charley Waite), Annette Bening (Sue Barlow), Michael Jeter (Percy), Diego Luna (Button), Abraham Benrubi (Mose Harrison), Michael Gambon (Denton Baxter)
Budget: 22’000’000 $
Recettes mondiales: 68’613’992 $