Quand on pense aux westerns spaghettis, 3 noms viennent tous de suite en tête : Sergio Leone, Clint Eastwood et Ennio Morricone. Sergio Leone a largement contribué à populariser le genre et à révéler Clint Eastwood et Ennio Morricone. Bon, n’oublions pas non plus les 2 autres Sergios, à savoir Sergio Sollima et Sergio Corbucci, qui ont également réalisé des westerns spaghettis de haute volée.
Malgré son importance dans l’histoire du cinéma, Sergio Leone n’a réalisé que 7 films. Après avoir été assistant-réalisateur sur une trentaine de films entre 1946 et 1962, il réalise en 1961 le péplum Le colosse de Rhodes, puis la Trilogie du dollar et la Trilogie Il était une fois…
Pour Le bon, la brute et le truand, il s’agit du 3e volet de la trilogie du dollar et est considéré (avec Il était une fois dans l’ouest de… Sergio Leone) comme l’un des meilleurs westerns de l’histoire. Comme cela fait longtemps que l’on n’avait pas chroniqué un western et qu’il y en a peu sur le site, autant en prendre un de qualité.
Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), on suit les péripéties de 3 hommes ne s’intéressant qu’à leur profit personnel. Sentenza (Lee Van Cleef) est « la brute ». Mercenaire insensible et sans le moindre scrupule (il n’hésite pas à tuer ou violenter femmes et enfants), il abat sa proie après avoir appris qu’un certain Bill Carson a caché un coffre contenant 200’000 $ volés à l’armée sudiste.
Après avoir rempli son contrat, il tue son commanditaire, car l’homme qu’il a abattu précédemment avait également mis sa tête à prix. Et il part à la recherche de Bill Carson.
Quant à Blondin (Clint Eastwood) « le bon » et Tuco (Eli Wallach) « le truand », ils ont mis au point une arnaque. Recherché pour ses multiples délits, Blondin livre Tuco aux autorités et empoche la prime.
Puis, Blondin libère Tuco au moment où il va être pendu. Ensuite, ils se partagent le montant de la prime et recommencent l’opération dans des Etats voisins.
Néanmoins, Blondin décide d’arrêter leur association, et abandonne Tuco dans le désert. Tuco survit après avoir marché près de 100 km jusqu’au village le plus proche et retrouve rapidement Blondin.
Cette fois, c’est Tuco qui se venge et oblige Blondin à marcher dans le désert.
Alors que Tuco est sur le point d’abattre Blondin, brûlé par le désert et déshydraté, une diligence des confédérés apparaît. Tuco arrête le convoi et ne trouve que des soldats morts, excepté un certain Bill Carson (l’homme que Sentenza recherche).
En échange d’eau, Carson dit à Tuco le lieu où est caché l’or (le cimetière de Sad Hill). Tuco va chercher une gourde, mais à son retour, Carson est mort. Par contre, Carson à donné le nom de la tombe à Blondin avant de mourir (qui, lui, ne connait pas l’endroit).
Tuco décide de sauver un Blondin agonisant en l’emmenant dans un monastère tenu par son frère. Une fois Blondin remis, ils repartent déguisés en soldats confédérés. Ils se font capturer par des soldats de l’union et emmener dans un camp où officie Sentenza, qui est devenu sergent…
Pour la suite de l’histoire, je vous ne peux que vous inviter à regarder le film, sachant qu’il contient beaucoup de péripéties. Tous les 3 finiront par se diriger vers le cimetière, seul ou à 2, avec plusieurs coups bas, de trahisons ou de changement de camp entre eux…
Avant de donner mon avis sur le film, juste une petite parenthèse pour expliquer les différences entre les westerns américains et les westerns spaghettis.
Facile à produire et peu coûteux, les westerns américains ont connu leur heure de gloire entre les années 1930 et 1960, avec plus de 400 films (souvent médiocres, voire mauvais).
Si, dans les westerns américains, on glorifie les cowboys ou shérifs vertueux à la John Wayne, qui protègent les villageois contre les Indiens méchants et sauvages (avec un révisionnisme dégueulasse), c’est très différent dans les westerns spaghettis, qui sont nettement plus sombres.
Ici, pas de manichéisme exacerbé, les notions de bien et de mal s’entremêlent. Les protagonistes ont tout de l’antihéros, dans un monde ou règne le désordre et la violence. Ils sont souvent dénués de morale, violents, n’hésitant pas à dégainer à la moindre occasion ou à trahir pour servir leurs propres intérêts. De plus, contrairement aux héros américains bons, beaux et toujours propres, les personnages des westerns spaghettis sont crasseux, mal rasés, cyniques et misogynes.
En digne représentant des westerns spaghettis, Le bon, la brute et le truand coche toutes les cases. Et même si les personnages principaux sont immoraux, ils sont surtout fascinants, avec beaucoup de charisme et portés par un scénario et une réalisation en béton !
Son succès et son statut de film culte n’est pas anodin, et les westerns spaghettis donnèrent un coup de fouet à un genre en perte de vitesse aux USA.
Lorsque l’on regarde la trilogie du dollar dans l’ordre, c’est-à-dire Pour une poignée de dollars (1964), puis Et pour quelques dollars de plus (1965) et enfin Le bon, la brute et le truand (1966), on remarque que la réalisation et la mise en scène de Sergio Leone s’améliore de film en film. Il suffit de comparer les scènes de fusillades des 3 films, c’est flagrant. Ici, on atteint la quintessence du western spaghetti.
Niveau réalisation, le film contient des paysages filmés en grand angle magnifiques, avec des plans inspirés (comme de la contre-plongée) et, Sergio Leone oblige, des gros plans sur des visages burinés. Cela se retrouve aussi au niveau du rythme, où des scènes contemplatives peuvent être suivies d’une scène très nerveuse.
Le duel (ou triel) final l’illustre bien, avec une tension et un suspense qui ne cessent de monter pendant 5 minutes, jusqu’à sa conclusion en quelques secondes.
On peut aussi noter qu’à partir de ce film, les dialogues se font plus rares dans les films de Leone, mais avec des répliques cinglantes.
Malgré 2 variantes sur le thème « Le monde… », la plus connue est : « Le monde se divise en 2 catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ! ».
Pour le trio d’acteurs principaux, rien à dire, ils sont parfaits. Tous dégagent un charisme dingue. Le fait qu’on ne sache rien du passé du flegmatique Blondin ou du terrible Sentenza ajoute à leur aura. Quant à Tuco, même si l’on en apprend un peu plus sur lui (notamment pourquoi il est devenu un bandit), il reste assez mystérieux. C’est renforcé par le fait que le film comporte peu de dialogues.
Quant à la musique d’Ennio Morricone, que dire ? Elle est juste mythique et à marqué l’histoire du cinéma ! Même sans avoir vu le film, il y a 3 thèmes que vous avez tous entendu au moins une fois. Ma préférence va à « Ecstasy of gold », quand Tuco court dans le cimetière. Un thème juste magnifique et qui sert notamment d’intro à tous les concerts de Metallica depuis 1983 !
2 anecdotes pour terminer. Les 200’000 $ du coffre correspondent au budget riquiqui qu’avait eu Sergio Leone pour tourner Pour une poignée de dollars. Il sera 6 fois plus important pour Le bon, la brute et le truand. Le film à été tourné en Espagne, dans le désert de Tabernas, dans la province d’Almeria.
A cause des similitudes avec les paysages de l’ouest américain et un climat favorable, des centaines de films, comme Conan le barbare (1982) ou La folie des grandeurs (1971), mais principalement des westerns spaghettis ont été tournés là-bas.
Néanmoins, la production de films ayant fortement ralenti dans la région, on peut désormais visiter les lieux de tournage et les décors du film, comme le cimetière, qui a été complètement refait.
En définitive, avec Le bon, la brute et le truand, on a la quintessence des westerns spaghettis et le film a, de plus, très bien vieilli. Il est porté par un scénario en béton, un Sergio Leone au sommet de son art, des acteurs charismatiques et la mythique musique d’Ennio Morricone. Même si je préfère d’un micro poil Il était une fois dans l’ouest du même réalisateur, je ne peux que vous le conseiller.
Hidalgo
Extraits vidéo :
Le bon, la brute et le truand
Sortie: 1966
Durée: 161 minutes (178 minutes pour la version longue de 2002)
Genre: western spaghetti
Pays: Italie, Espagne, Allemagne
Réalisation: Sergio Leone
Production: Alberto Grimaldi
Distribution: Produzioni Europee Associati (Italie), United Artists (USA), Les Artistes Associés (France)
Scénario: Luciano Vincenzoni, Sergio Leone, Agenore Incrocci, Furio Scarpelli
Musique: Ennio Morricone
Acteurs principaux: Clint Eastwood (Blondin « le bon »), Lee Van Cleef (sergent Sentenza « la brute »), Eli Wallach (Tuco « le truand »), Aldo Giuffré (capitaine Clinton), Luigi Pistilli (père Ramirez), Antonio Casale (Bill Carson, dit Jackson)
Budget: 1’200’000 $
Recettes : 25’253’751 $