Nikita (1990) * * *

Les dernières années de Luc Besson ressemblent à une lente descente aux enfers. Professionnellement d’abord, avec la revente de sa société de production Europacorp à des investisseurs américains et les flops de Valérian et la cité des mille planètes (2017) et Anna (2019).

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Puis, personnellement, où sa personnalité tyrannique et mégalo a été  largement mise en avant lors de son procès perdu pour licenciement abusif où il traitait son assistante comme une esclave. Enfin, une plainte pour viol en 2018, suivie de 8 autres femmes qui l’ont accusé de gestes déplacés, voir d’agressions sexuelles (qu’il réfute, malgré des preuves). Bref, cela ne va pas fort pour l’ex-chouchou du cinéma français.

 

Luc Besson ne plagie jamais? Regardez le segment « Harry Canyon » dans le film Metal hurlant, puis Le 5e élément. C’est flagrant…

Je dis ex-chouchou, car si les critiques ont presque toujours été négatives (Le grand bleu fut hué lors de sa sortie à Cannes), le public était d’un autre avis. Ses premiers films furent globalement appréciés, il  apportait un souffle nouveau au cinéma français (cantonné aux films d’auteur et aux comédies), avec une grande maîtrise technique, riche en trouvailles visuelles et un style graphique proche des clips.

 

C’est à partir de Le cinquième élément ou Jeanne d’Arc que le public qui appréciait ses films à commencé à le lâcher, un visuel léché ne suffisant plus (ce qui fut également mon cas). Parmi ses films « pré-Le cinquième élément », il n’y avait que Nikita que je n’avais encore jamais vu. L’occasion était trop belle après son visionnage d’en faire une chronique.

 

Du Le grand bleu à Le 5e élément

4 films auront le même début, un

travelling d’ouverture, puis le titre du film

 

 

 

 

 

 

4 loubards marchent dans la nuit. Ils sont en manque (toxicomanes) et vont cambrioler la pharmacie du père de l’un d’eux. Faisant un boucan à réveiller tout le quartier (probablement l’un des cambriolages les moins discrets de l’histoire du cinéma), cela tourne mal et une fusillade entre la police et les malfrats éclate. Tous se font tuer, sauf Nikita (Anne Parillaud). Mais elle abat froidement le policier qui la trouve, et est condamnée à perpétuité, avec 30 ans de sureté.

 

Tu es officiellement morte, Nikita…

Incarcérée, on simule son suicide et elle est officiellement « décédée » aux yeux de ses proches (un enterrement a même lieu). Elle se réveille dans une pièce d’un blanc immaculé et lorsque Bob (Tchéky Karyo) entre, il lui explique la situation. Soit elle accepte d’être formée pour devenir agente des services secrets français, soit elle finit dans le cercueil où elle est officiellement enterrée.

 

Enfermée dans un centre, elle va être formée comme agent secret en apprenant l’informatique, le maniement d’armes, les arts martiaux et la vie en société. Après plusieurs années, Nikita est toujours immature et difficilement gérable, n’obéissant pas, voir agressant ses instructeurs. Bob la recadre et l’invite dans un restaurant chic, a l’extérieur.

 

 

 

 

 

 

 

Elle reçoit un cadeau de Bob, qui contient une arme. Elle se voit confier sa première mission, abattre une personne dans le restaurant. Ayant soi-disant une échappatoire, elle se rend compte sitôt le meurtre commis qu’il n’y en a pas. Une fusillade s’ensuit, dont elle parvient à survivre. Furieuse, elle retourne au centre et apprend que c’était son examen de passage, qu’elle a réussi en revenant vivante.

 

 

Elle sort du centre avec comme couverture un faux nom (Marie Clément) et une fausse profession (infirmière). A chaque fois qu’on les services secrets la contacteront sous le nom de « Joséphine », elle devra se tenir à leur disposition immédiatement pour accomplir une mission, qui consiste souvent à éliminer quelqu’un.

 

Nikita « revit » avec Marco…

Ayant du mal à se « réadapter » à une vie normale, sa rencontre avec Marco (Jean-Hughes Anglade), un caissier de supermarché, va l’aider à s’épanouir et enfin être heureuse. Ils finissent par emménager ensemble, sans que Marco connaisse la double vie de Nikita/Marie…

 

Sorti dans les salles en 1990, Nikita eu un joli succès, devenant à l’époque le film français le plus rentable sur sol américain (5 millions de dollars) et plus de 3,5 millions d’entrées en France. Cela lui ouvrira les portes du cinéma international, et ce sera son dernier film tourné en français (à l’exception d’Angel-A en 2005).

 

Visuellement, c’est maîtrisé…

Lorsque l’on voit Nikita, on reconnait facilement la patte Besson, avec ses qualités et défauts. Techniquement, le film est très bien maîtrisé, avec des images-choc et de très beau plans (par exemple, le travelling du plafond d’un restaurant avant de fondre sur les personnages) et un découpage très moderne, proche des clips, voir de la publicité.

 

Les scénarios de Luc Besson sont souvent légers, pas très subtils, avec des personnages n’ayant rien de réaliste, et des dialogues pas terribles. A ce niveau, Nikita fait partie des mieux travaillés de Luc Besson.

 

Ingérable et agressant ses formateurs, mais on la forme quand même…

Il prend le temps d’établir un background pour son personnage (contrairement à son dernier film, Anna, un remake déguisé de Nikita, mais très creux, avec une action décomplexée) et crée un très bon personnage avec Nikita. Quant à la musique d’Eric Serra, il était encore inspiré et nous livre une très bonne B.O.

 

Mieux ne veut pas dire bien, car on remarque 3 gros trous dans le scénario. Pourquoi Nikita est recrutée pour être formée comme agent secret, alors que c’est une toxicomane sauvage avec rien de particulier ?

 

Ensuite, elle est ingérable, mais on prend le temps de la former pendant des années, et en 2 semaines, elle devient docile et obéissante ? Et, dernier point, comment il a su (regardez le film pour comprendre) ?

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Concernant les acteurs, Tchéky Karyo est très bon en instructeur, sorte de père de substitution tout comme Jean-Luc Anglade en petit ami attentionné et la courte apparition de Jean Reno dans un rôle qui préfigure celui qu’il aura dans le prochain film de Besson, Léon. Mais, la plus impressionnante, c’est Anne Parillaud!

 

Compagne de Luc Besson à l’époque, Anne Parillaud était une actrice en perdition. Lorsque Luc Besson lui offre le rôle principal, beaucoup ont des doutes sur ses capacités. A la limite du surjeu, Anne Parillaud est bluffante en Nikita, une femme à la fois fragile et forte, hystérique ou empathique, avec toujours cette pointe de folie en arrière-plan. Elle eut le César de la meilleure actrice en 1991. J’admets néanmoins que ses scènes hystériques (une habitude chez Besson) peuvent ne pas plaire.

 

Paumée…

hystérique (souvent)…

concentrée…

ou émue, Anne Parillaud impressionne…

 

Une mission qui manque de finesse…

Ai-je vu ce film trop tard ? Bien qu’il soit supérieur aux films que Luc Besson a réalisés ces 20 dernières années (où Luc Besson rime avec déception), Nikita est selon moi légèrement surestimé.

d’où les bouteilles d’acide…

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Je n’ai rien contre Luc Besson, j’ai toujours voulu y croire. J’ai vu ses derniers films, mais après Anna, je crois qu’il m’a définitivement perdu. Reste Nikita, qui fait partie de ses meilleurs films, les 5 premiers !

 

Nikita est techniquement très au point, graphiquement soigné, avec une mise en scène très « américaine », proche du clip, une très bonne B.O. et une Anne Parillaud impressionnante. Mais il souffre aussi de faiblesses au niveau du scénario, avec de gros trous et des personnages peu réalistes. Il reste néanmoins divertissant, et permet en le revoyant de comprendre pourquoi Luc Besson a tant déçu par la suite.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande-annonce fr

Extrait: entraînement (fr)

 

Nikita

 

Sortie:               1990

Durée:               118 minutes

Genre:               action, thriller

 

Pays:                 France / Italie

 

Réalisation :      Luc Besson

Production :       Patrice Ledoux, Claude et Luc Besson, Mario et Vittorio Cecchi Gori

Distribution :      Gaumont

Scénario :          Luc Besson

Musique :          Eric Serra

 

Acteurs principaux:     Anne Parillaud (Nikita), Tchéky Karyo (Bob), Jean-Luc Anglade (Marco), Jeanne Moreau (Armande), Jean Reno (Victor, le nettoyeur)

 

Budget :                7’150’000 $

Recettes :           24’117’094 $

 

Récompenses :

 

Césars 1991 : Meilleure actrice pour Anne Parillaud

Prix David di Donatello 1991 : Meilleure actrice pour Anne Parillaud

MystFest : meilleur acteur pour Tchéky Karyo

Rubans d’argent 1991 : meilleur réalisateur étranger pour Luc Besson

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