Quand on pense à des films de zombies, pour peu que l’on soit un peu cinéphile, un nom vous vient immédiatement en tête, George A. Romero. La majeure partie de sa filmographie met en scène des morts-vivants, ayant notamment réalisé les énormes La nuit des morts-vivants (1968) et Zombie (1978). De plus, c’est un cinéaste engagé, n’hésitant pas à dépeindre les dérives de notre société, en critiquant en arrière-plan entre autres la discrimination ou la société de consommation.
Pour Creepshow, c’est un peu différent. Beaucoup de livres de Stephen King ont étés adaptés au cinéma ou à la télévision, mais ce dernier désirait écrire un scénario exclusivement pour un film. Ayant sympathisé avec Georges A. Romero en 1979 pendant la préproduction de Les vampires de Salem (que Romero ne réalisera finalement pas), ils décident de s’associer pour faire un film.
Etant tous les deux fans du comic horrifique Les contes de la crypte des années 50, ils décident de faire un film à sketches, mêlant humour noir et horreur. Cela donnera Creepshow (signifiant plus ou moins « spectacle terrifiant »), qui sortira en 1982.
C’est un film à sketches, c’est-à-dire un film comportant plusieurs courts-métrages différent sur un même thème. Ici, on a 5 histoires courtes, voir 6 si l’on prend celle du fil conducteur.
Le fils conducteur de l’histoire, c’est un père qui surprend Billy, son jeune fils, en train de lire un comic horrifique intitulé Creepshow. Le père jette le comic dans une poubelle, à l’extérieur. Le vent fait tourner les pages et 5 histoires s’en échappent. Dans l’ordre, on a :
La fête des pères : Lors d’une réunion de famille qui commémore l’anniversaire de la mort du patriarche, ce dernier sort de sa tombe, voulant absolument manger son gâteau de fête des pères…
La mort solitaire de Jody Verill : Un fermier simple d’esprit ramasse une météorite tombée dans son champ, qui va petit à petit le transformer en plante…
Un truc pour se marrer : Un mari trompé décide de se venger de sa femme et de son amant d’une manière cruelle en leur élaborant une mort lente…
La caisse : Une vieille caisse contenant une créature mystérieuse est retrouvée par hasard. Elle pourrait aider un professeur à se débarrasser de sa femme qu’il ne supporte plus, car vulgaire et humiliante…
Ca grouille de partout : Un riche maniaque tyrannique vivant seul dans son appartement d’une propreté immaculée doit faire face à une invasion de cafards…
Ici, pas de critique sociale en arrière-plan, Romero ayant respecté le scénario de Stephen King. Néanmoins, on retrouve sa patte, chaque histoire ayant son propre style et l’idée d’incorporer des planches du comic avec les séquences filmées est très originale. Si la réalisation tient la route, la musique, quand a elle, est franchement nulle.
Les effets spéciaux sont signés Tom Savini, un spécialiste du genre. Néanmoins, si certains effets sont réussis, la majorité font clairement datés, voir kitch, et sont à des années lumières des effets spéciaux de The thing / La chose de John Carpenter, pourtant sorti la même année.
Le fait de le comparer avec le travail de John Carpenter n’est pas totalement anodin. Dans le segment La caisse, Romero a inséré un petit clin d’œil à John Carpenter.
De plus, Adrienne Barbeau, qui joue la mégère de service dans ce segment, était la femme de John Carpenter à l’époque !
Au niveau des acteurs, on a plusieurs surprises. Tout d’abord Ed Harris, acteur presqu’inconnu à l’époque (il le deviendra avec L’étoffe des héros l’année suivante), ainsi que Ted Danson et Hal Holbrook. Mais les 2 grosses surprises sont Leslie Nielsen en psychopathe, un rôle complètement à contre-emploi de sa carrière « comique », et Stephen King himself, qui joue le fermier simplet !
Le problème avec les films à sketches, qu’ils soient réalisés par un ou plusieurs réalisateurs, c’est que les histoires sont de qualité inégales. Creepshow n’y échappe pas. La fêtes des pères est la plus mauvaise, La mort solitaire de Jody Verill la plus « drôle » (et très courte !), Un truc pour se marrer la meilleure, La caisse la plus gore (et longue) et Ca grouille de partout la plus dégueulasse.
Si le film a eu du succès à sa sortie et est considéré comme un film culte, le film a clairement vieilli. Déjà, les segments ne se valent pas, certains n’étant pas trop mal, d’autres très médiocres.
Certes, on a incorporé de l’humour noir, mais comme comédie horrifique, Evil dead ou Le loup-garou de Londres font mieux, d’autant que certaines scènes sont involontairement drôles, car très kitch.
Enfin, il me fait penser à un film d’horreur pour adolescents, car il fait très peu peur. C’était un des premiers films d’horreur que j’ai vu dans les années 80, dans l’émission (qui existe toujours !) « Le film de minuit » le vendredi soir sur la chaîne suisse RTS. Par contre, oui, il y a du suspense, de la tension et même un peu d’angoisse.
Le succès de Creepshow aura 2 suites, que je déconseille, La série Les contes de la crypte reprendra les codes de Creepshow dans les années 90. Quand on sait que King et Romero se sont inspirés du comic des années 50 du même nom pour réaliser Creepshow, la boucle est bouclée.
Enfin, depuis septembre 2019, une série intitulée Creepshow a vu le jour. Ne l’ayant pas vue, je m’abstiendrais de tout commentaire.
La note finale de Creepshow peut sembler dure, car c’est un film culte que j’avais apprécié quand j’étais ado. Mais si certains films vieillissent très bien, ce n’est pas son cas. La réalisation est pas mal mais la musique nulle, les segments sont inégaux, il y a de l’humour noir, du suspense et de l’angoisse, mais très peu d’horreur et de peur.
Je ne vous le déconseille pas, mais si vous voulez voir un excellent film de Romero, La nuit des morts-vivants ou Zombie sont bien plus recommandables.
Hidalgo
Extraits vidéo :
Creepshow
Sortie: 1982
Durée: 120 minutes
Genre: horreur
Pays: USA
Réalisation : George A. Romero
Production : Richard P. Rubinstein et Salah M. Hassanein
Distribution : Warner Bros (USA), Laurel Entertainment (reste du monde)
Scénario : Stephen King
Musique : John Harrisson
Acteurs principaux: Joe King (Billy), Ed Harris (Hank Blaine), Stephen King (Jordy Verrill), Leslie Nielsen (Richard Vickers), Ted Danson (Harry Wentworth), Hal Holbrook (Henry Northrup), Adrienne Barbeau (Wilma Northrup), E.G. Marshall (Upson Pratt)
Budget : 8’000’000 $
Recettes mondiales: 21’028’755 $ (USA uniquement)