Les diaboliques (1955) * * *

Un film noir français ? Avec un incroyable twist final ? Le meilleur film d’Henri-Georges Clouzot, surnommé le Hitchcock français, avec Le salaire de la peur? Et bien oui, il y a une grande majorité de films américains sur cinemaster, un peu de changement ne peu pas faire de mal, surtout quand on a affaire à un film de qualité.

 

Lorsque l’on parle de classiques du cinéma français, beaucoup de personnes se limitent aux films de Louis de Funès, Bourvil, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, voir Jean Marais. Le cinéma français est loin de son âge d’or. Entendons nous bien, d’excellents films sortent toujours, mais combien vont devenir des classiques ? Brice de Nice fut le film français qui fit le plus d’entrées en 2005, mais qui s’en souviendra dans 10 ans ? Mais bref, on est ici pour parler de Les diaboliques

 

Paul Meurisse, excellent en salopard de première

A Saint-Cloud, Michel Delasalle (Paul Meurisse) dirige un pensionnat pour jeunes garçons. C’est un homme tyrannique, méprisant et odieux. Le pensionnat appartient à sa femme Christina (Vera Clouzot), qu’il terrorise, maltraite et rabaisse sans cesse (comme dans la scène saisissante où il la force à manger du poisson avarié). De plus, Michel à une maîtresse, Nicole Horner (Simone Signoret), qui enseigne la chimie et qu’il traite à peine mieux que Christina.

 

De constitution fragile, avec des problèmes cardiaques, Christina pense que Michel veut la faire mourir pour pouvoir récupérer tous ses biens. Nicole se prend d’affection voyant la souffrance de Christina, et finit par la convaincre, après de nombreux scrupules religieux et hésitations, d’assassiner Michel.

 

 

 

 

 

 

 

Leur plan est assez simple. D’abord, elles se rendent dans une résidence secondaire afin de se faire un alibi. Puis, Christina demande le divorce. Elles savent que Michel va venir, elles le droguent, puis le noient dans la baignoire, puis retour au pensionnat et immergent le corps dans la piscine (très sombre et désaffectée). Néanmoins, après plusieurs jours, le cadavre de Michel ne remontant pas, elles décident de vider la piscine… et le corps à disparu !

 

A partir de là, des événements étranges ne vont cesser de rappeler aux deux criminelles la présence obsédante de Michel, à travers des photos où il semble apparaître, des lettres qui s’écrivent seules, des bruits dans les couloirs, etc.

 

Ajoutez à cela l’enquête du commissaire à la retraite Fichet (Charles Vanel), qui s’approche petit à petit de la vérité, et Christina, épuisée par la maladie, les remords et les événements étranges qui continuent, voit sa santé décliner et doit s’aliter.

 

Néanmoins, un soir, n’arrivant pas à dormir et entendant des bruits étranges et des lumières qui s’allument et éteignent, prend son courage à 2 mains et décide d’aller voir. Et là…

 

 

Je ne vais pas raconter la fin du film, totalement inattendue, avec un magnifique twist final. Bon, depuis que Night Shyamalan a fait son fond de commerce des twists, cela surprend moins, mais rappelez-vous que ce film date de 1955 ! Imaginez-vous le choc à l’époque !

 

Colombo avant l’heure…

En regardant ce film, le parallèle avec Hitchcock est assez évident. La mise en scène et technique est excellente, distillant une ambiance sombre, angoissante, voire malsaine tout le long du film. Pour la réalisation, on voit que Clouzot était loin d’être un manche, que ce soit à travers les cadrages, les plans ou l’utilisation du noir et blanc.

 

Sans parler des 15 dernières minutes, une véritable leçon de cinéma, avec un suspense littéralement étouffant ! Et cela sans aucune bande-son ! Oui, la musique est un artifice largement répandu pour susciter la peur et l’angoisse, et le film distille cela sans y avoir recours, ce qui reste impressionnant.

Quant à l’interprétation, que dire ! Paul Meurisse est juste parfait en ordure de première, Simone Signoret impériale et moderne avec un look très américanisé et Charles Vanel en commissaire nettement plus futé qu’il n’y paraît, qui inspirera le personnage de Colombo !

 

Dans le cercle rouge, le futur Johnny Hallyday et tout à droite, Michel Serrault dans un de ses premiers rôles…

Pour Vera Clouzot, c’est un peu différent. Certes, elle s’en tire largement avec les honneurs en femme fragile et épeurée, mais elle est nettement en retrait face au trio Meurisse-Signoret-Vanel.

 

Parmi les seconds rôles Michel Serrault (qui débutait au cinéma) dans le rôle d’un prof soumis, Jean Lefebvre, en soldat ivre et, parmi les élèves, un certain Jean-Philippe Smet, futur Johnny Hallyday !

 

Henri-Georges Clouzot, pas du genre sympa…

Le film est également connu pour son tournage infernal. Henri-Georges Clouzot n’était pas un tendre sur les tournages, il aimait installer une tension permanente sur le plateau. Un tyran qui n’hésitait pas à humilier, insulter voir brutaliser ses acteurs pour obtenir ce qu’il souhaitait. Il fut particulièrement dur avec sa femme, qu’il rêvait de transformer en grande actrice (ce qui n’arrivera pas, mourant d’une crise cardiaque (comme Christina !) quelques années plus tard), la forçant à refaire des dizaines de fois certaines scènes. Et les claques qu’elle reçoit de Paul Meurisse n’étaient pas simulées, et le poisson avarié l’était réellement !

 

Simone Signoret, une amie proche, sera humiliée de constater qu’elle ne sert que de support, ou les astuces de Clouzot avec l’éclairage pour qu’elle apparaisse moins belle sur les scènes avec Véra ! Ajouter à cela le caractère tyrannique de Clouzot et vous comprendrez que les liens d’amitié qui les liaient furent définitivement rompus après ce film.

 

Au final, Clouzot signe un thriller remarquable qui n’a rien à envier aux meilleurs films « à suspense » d’un Hitchcock. Et ne soyez pas réticents du à l’âge avancé du film, il a été restauré pour sa sortie en dvd, a très bien vieilli et était en avance sur son temps.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo:

 

Bande-annonce (plutôt angoissante)

Anecdotes de tournage (sans spoils)

 

Les diaboliques

 

Sortie:                                     1955

Durée:                                     114 minutes

Genre:                                     thriller /classique

Pays:                                       France

 

Réalisation :                            Henri-Georges Clouzot

Production :                             Filmsonor, Vera FilmsG

Distribution :                            Cinédis, René Château video (DVD)

Scénario :                                Henri-Georges Clouzot d’après le roman « Celle qui n’était plus » de Boileau-Narcejac

Acteurs principaux:                  Simone Signoret, Véra Clouzot, Paul Meurisse, Charles Vanel

 

Budget :                                     NC

Entrées:                                     3,6 millions (France)

 

Récompenses:

– Prix Louis-Delluc en 1954

– Prix du meilleur film étranger (New York Film Critics Circle Awards)

– Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur film étranger

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