Barbarella (1968) – – –

Houlà ! Voici un film culte de la fin des années 60 complètement portnawak et décomplexé, un nanar de haut vol réalisé par Roger « homme à femme » Vadim. Une sorte d’ovni ultra-kitch de science-fiction érotico-soft (pour l’époque, juste sexy de nos jours). Quand on sait que le film, réalisé en 1968, a couté 9 millions de dollars (budget plutôt costaud à l’époque), on se dit que plus de la moitié du budget a du passer dans le LSD et autres substances, au vu d’un scénario complètement à la ramasse, des décors (quand il y en a !) qui sont pour la plupart en carton-pâte et des effets spéciaux pourris, même pour l’époque. Mais j’y reviendrais.

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Barbarella est l’adaptation en film de la bande-dessinée coquine de Jean-Claude Forest. N’ayant jamais lu la BD, je ne me prononcerais pas sur la qualité de l’adaptation, il y a déjà beaucoup à dire sur ce nanar pur-jus.

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Barbarella ne prend pas la peine de s’habiller pour recevoir ses ordres…

En l’an 40000 (wouah, ça fait loin !), Barbarella (Jane Fonda) glande à poil dans son « vaisseau spatial ». Le président de la Terre l’envoie en mission afin de retrouver le savant Durand Durand (oui, un groupe c’est inspiré de ce nom !) qui a inventé le rayon positronique, une arme destructrice. Précisons qu’à cette époque, la Terre vit une période de paix, sans armes, ni police. D’où la dangerosité du rayon ! Direction la planète Lithion, où l’homme se serait caché.

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Le premier détail qui va vous sauter aux yeux, c’est le vaisseau spatial de Barbarella. C’est juste immonde ! L’extérieur ressemble à un bricolage d’une boîte à chaussure d’un élève de maternelle, et l’intérieur, une sorte de salon futuriste typé 60’s, avec une moquette si épaisse qu’on la croirait faite en poils de Wookies ! Y compris sur les murs ! Chewbacca appréciera…

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Oui, c’est bien son vaisseau spatial!!!

A l’intérieur, c’est pas mieux, juste immonde…

Derrière elle, c’est sensé être le poste de pilotage…

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Barbarella est censée être le meilleur élément pour remplir cette mission, mais elle trouve le moyen de se cracher sur Lithion… et n’a aucune compétence pour réparer son vaisseau! En cherchant de l’aide, elle trouvera le moyen de se faire capturer par 2 petites filles cruelles, qui vont la torturer avec des poupées-robots carnivores !

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Mais Mark Hand, sorte d’ermite-chasseur, vient la délivrer. Pour le remercier, elle fera l’amour avec lui (une constante dans le film), mais la version « primitive », vu qu’en l’an 40000, on fait l’amour en prenant une pilule et en collant sa main à celle de son partenaire !!! Le chasseur répare son vaisseau (il est plus compétent qu’elle, ce film défie toute logique), elle quitte la planète (en fait une patinoire avec une peinture géante sur tout le contour et 2-3 détails à la surface), mais pas pour longtemps, vu que Barbarella trouve de nouveau le moyen de se cracher !!!

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Elle est réveillée par Pygar, un ange aveugle qui vit dans le labyrinthe, une sorte de ghetto où sont parqués les gentils ! Juste à coté, il y a Sogo, la ville du mal, dirigée par un tyran, brrrrrr !!! Soudain, les sentinelles de Sogo apparaissent, Pygar sauve Barbarella, qui, pour le récompenser, fait l’amour avec lui. Super, il suffisait que Pygar tire un coup pour voler à nouveau! Ca tombe bien, Durand Durand est planqué à Sogo, ce sera plus facile d’y aller en volant !

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On s’en doutait…

Bon, là, j’ai résumé environ la moitié du film, je pense que vous voyez déjà à quel point le scénario est barré, incohérent et décomplexé. Dire qu’ils étaient 3 pour le scénario, ils n’ont pas dû boire que du café et sentir de l’encens pendant l’écriture. Sachez juste qu’à la fin du film, la menace Durand Durand sera éradiquée et Barbarella réussira sa mission. En fait, c’est plutôt tous les autres qui la réussissent pour elle, vu qu’elle n’en fout pratiquement pas une de tout le film ! Elle passe plus de temps à « récompenser » ceux qui l’aident qu’à élaborer un plan.

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Certains diront qu’il faut se remettre dans le contexte (1968, la fumette, la liberté sexuelle, la libération des moeurs, le psychédélisme, le mouvement hippie), ou que le film est second degré, mais le film n’était pas censé faire rire, et on rigole quand même beaucoup en le regardant.

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L’atout numéro 1 est bien entendu Jane Fonda, qui est sculpturale dans ce film. Elle déborde de charisme et elle porte le film sur ses épaules. Elle avouera plus tard qu’elle fut ivre durant la quasi-totalité du tournage, ce qui peut expliquer son regard vide et sa nonchalance permanente. Néanmoins, le problème ne vient pas de son jeu, qui est honnête… mais de sa voix !

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Le film fût tourné en anglais, mais pour le doublage français, c’est Jane Fonda qui s’en est chargée. Et le résultat est, horripilant ou désopilant, à choix. Soit, elle est américaine et elle parle français avec un petit accent. Mais pourquoi cette voix extrêmement snob ? Et ce n’est pas sa voix naturelle ! J’ai même ri alors qu’elle ne disait rien de drôle uniquement à cet accent. Quoique, le film est souvent involontairement drôle.

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Sogo, la ville du vice. Vraiment?

Au niveau des incohérences, le film fait très fort également. Barbarella est à poil quand elle est en face du président (genre « rienafout’), mais s’habille pour dormir. Barbarella voyage seule dans son vaisseau, mais n’a pas le minimum de connaissances pour l’entretien ou pour le réparer ! La ville de Sogo, censée être la ville du mal, on voit des femmes s’amuser sur des balançoires ou des personnes sympas faisant la fête avec modération. Où encore quand Barbarella se fait attaquer dans une salle remplie de perruches ( !!!), elle est sauvée car le QG de la résistance est juste en-dessous et ouvre une trappe pour la libérer ! Et ce ne sont que quelques exemples parmi d’autres.

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Bon, tout n’est pas à jeter. La direction artistique, bien qu’inégale, nous offre tout de même des décors qui en jettent !  Cela ne fait qu’accentuer le fait que certains décors son affreusement vides ou très cheap, genre des peintures en arrière-plan pour simuler un décor ! Et la mise en scène est loin d’être inspirée.

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Certains décors en jettent et ont un certain cachet…

Un des (très) rares effets spéciaux réussis dans le film

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Comme je l’ai dit en début de chronique, le budget alloué était relativement costaud pour l’époque. Quand on pense que La planète des singes, sorti la même année, avait un budget de 5,8 millions. Alors oui, certains décors, notamment à Sogo, en jettent, mais la majorité est vraiment pourrie ! Cela pourrait passer si le film avait eu un budget modeste, comme Dark Star, mais quand on a 9 millions de dollars (en 1968, environ 70 millions en dollars de nos jours avec l’inflation), comment peut-on faire un vaisseau spatial si moche, avoir une base spatiale rebelle en plexiglas, ou voir uniquement des baudruches transparentes en arrière-plan ?

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D’autres sont franchement à jeter!

Oui, les décors sont uniquement des sacs plastiques transparents!!!

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Comment les effets spéciaux peuvent accuser 10 ans de retard, à de rares exceptions (comme les décors « psychédéliques » de la fin)? Le vol de Pygar est presqu’aussi drôle que celui de l’Homme Puma (un classique de Nanarland). Entre FX foireux, décors décadents, costumes flashy et vaisseau spatial qui ressemble à… rien, on a souvent l’impression que Barbarella est la cousine de Flash Gordon, en encore plus kitch ! On me dit que c’est aussi Dino de Laurentiis qui a produit ce Flash Gordon ? Mon brave Dino, t’as produit de supers films, mais laisse tomber la SF, c’est pas pour toi.

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Bref, malgré de nombreuses péripéties, un scénario portnawak et un film qui ne dure qu’1h40, ben…c’est quand même un peu chiant ! Pour ceux qui rêvent de voir la superbe Jane Fonda nue, hormis le générique et la scène où elle parle au président (mais vu de dos) fini, nada. Eventuellement 2-3 figurantes qui dévoilent fugacement leur poitrine dans la ville de Sogo, mais c’est tout ! Et dire qu’on disait que c’était un film d’eros-fiction à l’époque, c’est juste sexy… et sexiste (Emmanuelle ou les premiers pornos comme Derrière la porte verte et Gorge profonde n’était pas encore sortis !).

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Tiens, pour terminer, parlons-on du soi-disant féminisme du film, c’est plutôt l’inverse. Barbarella est ingénue dans tout le film, à poil quand elle parle au président, qui s’offre à toutes les personnes lui venant en aide, extrêmement cruche (c’est toujours grâce aux autres qu’elle s’en sort), elle doit avoir 2 petites initiatives de tout le film ! Bref, faire de Barbarella une icône féministe alors qu’elle tient plus de la plante verte ou du fantasme ambulant, je ne sais pas. Peut-être qu’en prenant du lsd, je comprendrais. Il y a bien un sens caché (si on cogite un peu), mais cela reste très léger.

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Entre une incrustation dégueulasse et la réutilisation de l’arrière-plan de la planète Lithion, les techniciens ont eu la brillante idée de faire une pause « fumette » pour masquer les décors…

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Pour ma part, 2 raisons l’expliquent. Pour ceux qui n’ont pas vu le film, Barbarella représente une femme forte, libre et sexy ! On est en 1968, les héroïnes sont très rares ! Mais surtout, Jane Fonda est devenue une figure active du féminisme par la suite, et les gens font l’amalgame. Mais Barberella au même niveau qu’Ellen Ripley ou Sarah Connor, non !

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Malgré tout, le film se laisse regarder, une sorte de folie douce s’installe, comme si toutes ses invraisemblances décomplexées finissait par donner un certain charme à ce film. Mais bon, pour moi, cela reste un nanar, un film culte pour plusieurs raisons évoquées dans cette chronique, à voir au second degré, en espérant que vous la voix de Jane Fonda ne vous gênera pas.

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Hidalgo

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Extraits vidéos:

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Bande-annonce bien nanarde (en anglais)

Le générique « strip-tease » de Barbarella

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Barbarella (également Barbarella : Queen of the galaxy)

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Sortie:                                        1968

Durée:                                        98 minutes

Genre:                                        science-fiction sexy, nanar

Pays:                                          France/Italie

Langue de tournage :                 Anglais

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Réalisation :                               Roger Vadim

Production :                                Dino de Laurentis

Distribution :                               Paramount Pictures

Scénario :                                   Terry Southern, Roger Vadim et Claude Brulé, d’après la bande dessinée-homonyme de Jean-Claude Forest

Acteurs principaux:                     Jane Fonda (Barbarella), John Phillip Law (Pygar, l’ange), Anita Pallenberg (la Reine noire alias « le Grand Tyran »), Milo O’Shea (le concierge / Durand Durand)

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Budget :                        9 000 000 $

Recettes:                      inconnues

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