Avant de réaliser Gremlins, Joe Dante est surtout connu pour les films d’horreur Piranhas (1978) et Hurlements (1981). Remarqué par Steven Spielberg, qui domine alors le cinéma mondial avec E.T. l’extraterrestre (chroniqué sur le site), il lui propose de réaliser un segment du film à sketches La quatrième dimension (1983). La collaboration se passera bien.
Steven Spielberg, venant de fonder la société de production Amblin entertainment, propose à Joe Dante de réaliser Gremlins, basé sur le scénario de Chris Colombus (meilleur scénariste que réalisateur).
Avec Spielberg dans le rôle de producteur, ce sera le début de « l’ère Amblin » dont presque tous les films sortis durant la seconde moitié des années 80 auront un énorme succès et deviendront cultes. Gremlins, sorti en 1984, est le premier d’entre eux.
Randall Peltzer (Hoyt Axton), un inventeur originaire d’une petite ville se retrouve dans le quartier de Chinatown, à New York. Il tente de vendre ses dernières inventions et cherche un cadeau de Noël pour son fils, Billy (Zach Galligan).
Il se rend dans un magasin tenu par un homme âgé, Mr. Wing (Keye Luke). A l’intérieur, Il est attiré par une étrange petite créature à fourrure, un mogwai. Lorsque ce dernier se met à chanter, il désire l’acquérir pour son fils. Malgré une belle offre, Mr. Wing refuse de le vendre, car un mogwaï demande trop de responsabilités.
Son petit-fils, jugeant qu’ils ont besoin d’argent, vend en cachette le mogwaï à Randall, en lui disant qu’il doit absolument respecter 3 règles :
- Ne pas l’exposer à la lumière, en particulier celle du soleil qui peut le tuer
- Ne jamais le mouiller ni lui faire boire de l’eau
- Ne jamais lui donner à manger après minuit
Le lendemain, Billy se rend à pied à son travail de guichetier à la banque. Il y retrouve sa collègue Kate (Phoebe Cates), qui travaille également dans un bar le soir. Visiblement, ils éprouvent quelque chose l’un pour l’autre.
Le soir, Randall rentre et dit à Billy d’ouvrir en avance son cadeau, qui ne peut pas attendre. Il fait la connaissance du mogwaï, dénommé Gizmo. Il lui explique les 3 règles à respecter. Les jours passent et Guizmo, en plus d’être très mignon, se révèle doux et affectueux. Même Barney (le chien de Billy), jaloux au début, l’adopte.
Tout se passe pour le mieux jusqu’au jour ou Pete (Corey Feldman), un ami de Billy, renverse par inadvertance un verre d’eau sur Guizmo. Soudain, 5 boules de poils jaillissent de son dos, qui se transforment en mogwaïs.
Gizmo semble très triste et, tout de suite, on remarque que les « nouveaux » mogwaïs ne sont pas comme Gizmo, car agressifs et turbulents.
Un soir, alors que tous réclament à manger, Billy regarde l’heure et, constatant qu’il n’est pas encore minuit, leur donne à manger. Le lendemain, 5 cocons visqueux sont apparus, seul Gizmo n’a pas changé (il n’avait pas mangé). Billy constate que son réveil indique la même heure que le soir précédent, le câble étant coupé.
Le lendemain (24 décembre), les cocons éclosent et les mogwaïs se sont transformés en gremlins. Ils n’ont plus rien de mignon, ressemblants à des reptiles, avec des dents acérées et de grandes oreilles. Quant à leur comportement, ils sont encore plus agressifs, mais également vicieux et sadiques. La petite ville de Kingston Falls va sombrer dans le chaos, d’autant plus (léger spoil) que les gremlins vont trouver un moyen de se multiplier et être une bonne centaine… Le réveillon de Noël va être très agité…
Gremlins est un film qui, 36 ans après sa sortie, est encore dans toutes les mémoires des plus de 30 ans. C’est un film culte, qui a très bien vieilli et qui fut un phénomène de société à sa sortie. Ce fut également un succès un peu inattendu, car c’est un faux film de noël surfant sur plusieurs genres.
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Gremlins est difficile à classer. C’est un mélange entre un film fantastique, une comédie et un film d’horreur, qui se déroule à Noël. Certes, l’horreur est atténuée, le film visant un public familial (dès environ 8-10 ans). Le film est très drôle, avec pas mal d’humour noir. En quelque sorte, Gremlins est la version méchante d’E.T. l’extraterrestre.
La comparaison n’est pas fortruite, car l’ombre de Steven Spielberg plane sur le film. Néanmoins, il serait très réducteur d’attribuer tout le mérite de cet excellent film à Steven Spielberg. La réussite tient en la réunion de 3 personnes talentueuses, Columbus, Dante et Spielberg. Très bon scénario, très bien réalisé, une production pas trop envahissante et une BO de Jerry Goldsmith qui est restée dans les mémoires.
Joe Dante affirma qu’il avait eu une relative liberté, Spielberg le soutenant dans ses choix, notamment face aux doutes du studio. Comme je l’ai dit, l’horreur est atténuée, mais elle réserve quand même quelques scènes gores.
C’était surtout les scènes d’humour noir, voire très noir, qui inspirait la crainte. Pourtant, avant de le réaliser, Spielberg apporta quelques modifications au script original.
Celui-ci était beaucoup plus noir, avec des gremlins cannibales, des morts assez gores et Gizmo était sensé se transformer et devenir le chef des gremlins (celui avec la crête blanche). Cela fut modifié, accentuant l’humour noir du film. Quant à Gizmo, Spielberg pensa que son coté mignon et adorable lui attirerait la sympathie (ce fut le cas).
L’humour est scindé en 2 dans le film. On a d’un coté l’humour gentillet, avec notamment les inventions loufoques de Randall Peltzer qui tournent souvent à la catastrophe, Mr. Futterman (Dick Miller), qui se plaint tout le temps des produits étrangers ou les facéties de Gizmo.
De l’autre, on a de l’humour noir, à travers les Gremlins qui saccagent la ville ou leurs expressions. Un exemple : ils disent « Bon voyage ! » après avoir saboté les freins d’une voiture. D’ailleurs, ils ont plusieurs répliques assez drôles vu le contexte : « glou glou, pistolet, bonsoir, Gizmo caca, miam miam, etc ». Leur coté (très) sale gosse est vraiment drôle.
2 scènes avaient fait polémique à l’époque. Ce qui était arrivé au père de Kate (accident) et le sort de Madame Deagle. Personnellement, si l’histoire du père de Kate est triste, ce qui arrive à Madame Deagle (Polly Holliday) nous fit éclater de rire mon frère et moi la première fois que le film fut diffusé à la télévision (etc’est toujours le cas!). Et mon frère, plus jeune, devait avoir 8 ou 9 ans.
Il faut préciser que Madame Deagle est absolument odieuse, traitant de parasite des gens dans le besoin, très grossière, accusant sans preuves (tiens, comme Trump !) Barney, le chien de Billy, d’avoir cassé son bonhomme de neige et voulant le tuer lentement et douloureusement. Donc certes, c’est très noir, mais très drôle.
Niveau réalisation, Joe Dante a vraiment fait du très bon travail. Certes, les effets spéciaux ont vieilli, mais ils tiennent toujours la route, tous les gremlins étant des marionnettes. La scène du bar est à ce titre un exemple de mise en scène. C’est une scène délirante, où les gremlins font surtout des conneries.
Mais on a parfois une dizaine de marionnettes animées en même temps et tout reste fluide ! On n’ose pas imaginer le casse-tête pour que ces scènes passent bien à l’écran (ce qui est le cas). Idem lorsqu’ils regardent Blanche-Neige au cinéma et chantent.
Malgré son succès à l’époque et son statut de film culte, il est étonnant qu’aucun acteur n’ait percé. D’autant plus qu’ils ne sont pas mauvais. La carrière de Zach Galligan n’a jamais décollé, principalement entre télévision et DTV. Quant à Phoebe Cates, son dernier film remonte à 2001 et dirige depuis une boutique de cadeaux.
Pour résumer, Gremlins est un excellent film, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le revoir pour faire cette chronique. L’ombre de Spielberg plane sur le film, un peu comme tous les films de « l’ère Amblin », ce qui le bonifie. C’est un faux film de Noël, qui mélange habilement le fantastique, la comédie et l’horreur. L’horreur est atténuée, le film gardant un statut « familial ».
Si le film a quelque peu vieilli techniquement, il reste parfaitement regardable de nos jours et le film est très drôle. Il est disponible depuis peu sur Netflix. Gardez néanmoins à l’esprit qu’il y a pas mal d’humour noir. L’ombre de Spielberg plane sur Gremlins, un peu comme tous les films de « l’ère Amblin », ce qui le bonifie. Et puis bon, il y a Gizmo, très mignon et adorable. On le reverra en 1990 dans Gremlins 2, la nouvelle génération, mais c’est une autre histoire…
Hidalgo
Extraits vidéo :
Gremlins
Sortie: 1984
Durée: 105 minutes
Genre: Comédie, fantastique, horreur
Pays: USA
Réalisation: Joe Dante
Production: Steven Spielberg, Kathleen Kennedy, Frank Marshall (Amblin Entertainment)
Distribution: Warner Bros.
Scénario: Chris Colombus
Musique: Jerry Goldsmith
Acteurs principaux: Zach Galligan (William « Billy » Peltzer), Phoebe Cates (Kate Beringer), Hoyt Axton (Rand Peltzer), Frances Lee McCain (Lynn Peltzer), Dick Miller (Murray Futterman), Polly Holliday (Ruby Deagle)
Budget: 11’000’000 $
Recettes: 153’378’102 $