Ari Aster est un réalisateur et scénariste américain, qui semble bien parti pour devenir un nouveau maître de l’horreur. Il est connu pour avoir dirigé Hérédité en 2018 et, en 2019, il nous livre l’excellent Midsommar.
Le film commence avec un groupe d’amis : Dani (Florence Pugh), étudiante en psychologie, qui est en couple avec Christian (Jack Reynor), étudiant en anthropologie. Ils sont accompagnés de Josh (William Jackson), étudiant en anthropologie également, intello et passionné par les rites et Pelle (Vilhelm Blomgren), originaire de Suède. Enfin, Mark (Will Poulter), qui n’est pas très passionné par ses études, est un garçon avec une vision originale du monde avec un grand sens de l’humour.
Dani traverse une crise familiale, sa sœur (qui est bipolaire) ayant tué ses parents avant de se suicider. Christian, qui voulait rompre avec Dani, n’ose pas la quitter après ce deuil.
Six mois plus tard, le groupe d’amis décide de partir en Suède dans le village natal de Pelle où a lieu tous les 90 ans 9 jours de célébration du solstice d’été. Dès leur arrivée en Suède, ils rencontrent un ami de Pelle qui leur donne des champignons hallucinogènes. Dani divague et fait des rêves étranges.
Le lendemain, ils arrivent à Härga, village où aura lieu la cérémonie. Les habitants sont vêtus en blanc avec des couronnes de fleurs dans les cheveux. Ils élisent une reine, gagnante d’un concours de danse. Leur dortoir ressemble à une sorte de « chapelle sixtine suédoise », le toit et les murs sont recouverts de dessins liés à leur religion. C’est une communauté qui partage tout, un mélange de collectivisme et de secte : ils ont leur propre alphabet, et vivent en paix avec la nature.
Les amis partagent un repas avec la communauté. Ils font la connaissance de deux ancêtres du village qui après le repas, se dirigent vers une falaise. La femme saute du haut de la falaise. Elle meurt sur le coup, tandis que l’homme survit après sa chute. Plusieurs habitants lui assènent des coups de masse sur la tête sous les yeux médusés du groupe d’amis. Pour eux, il y a 4 âges : le premier de 0 à 18 ans, le deuxième de 18 à 36, le troisième de 18 à 54 et le dernier jusqu’à 72 ans. Arrivé à cet âge, pour eux la vie est finie, c’est pour cela qu’ils se tuent.
Je vous ai exposé le premier tiers du film, tout en sachant que ce rite païen va devenir de plus en plus sordide et oppressant. A vous de découvrir la suite.
Le réalisateur eut l’idée du film il y a cinq ans, quand il s’est séparé de sa compagne. C’est en quelque sorte la suite de son premier film Hérédité. C’est un film sur la rupture.
C’est un film d’horreur atypique, un conte de fées pour adultes. On sent l’emprisonnement des personnages dès leur arrivée, malgré le soleil de minuit. C’est un film d’horreur en plein jour, avec un scénario intense et une profondeur des personnages.
Que dire des décors ? Ils sont superbes : ils ont reproduit un village typiquement suédois avec une dizaine de bâtiments. Le tournage a eu lieu en Hongrie, près de Budapest. Tous les costumes folkloriques sont faits et peints à la main et chaque pièce est unique. Cela donne un résultat fantastique. On n’aurait pas pensé que le film ait pu être tourné ailleurs qu’en Suède. Les peintures du plafond de la maison communautaire sont si bien travaillées qu’on se croirait dans un documentaire sur une société isolée.
Le film s’est inspiré de coutumes païennes et de costumes d’époque. Le chiffre neuf est un chiffre sacré dans de nombreuses cultures, surtout chez les Vikings. La cérémonie a lieu tous les nonante ans. Elle dure neuf jours. Concernant les 4 âges, la somme des chiffres est égale à neuf. Il y neuf sacrifices dans le film, etc.
Les acteurs ne déméritent pas, mention spéciale à Florence Pugh qui joue le rôle de Dani. Son jeu est excellent. Ce sera une actrice à surveiller ces prochaines années. Les autres acteurs sont aussi convaincants, surtout Jack Reynor qui joue le rôle du petit ami affectueux.
La photographie est léchée, certains plans sont superbes, notamment ceux où l’on voit les danses d’en haut. Il y même un plan filmé à l’envers. Ari Aster a aussi une idée précise du cadrage, chaque scène correspond à une chorégraphie. Il aimerait que le spectateur soit déstabilisé, ému, voire perturbé à la vision de ce film.
Très bon film d’horreur de 2 heures 30 (on ne voit pas le temps passer), je vous conseille ce film atypique, déroutant, hypnotique. On se sent oppressé presque dès le début et cela ira crescendo jusqu’à la fin. Le fait que tout le film soit tourné de jour est un pari réussi.
Malgré la lenteur du début, le réalisateur a voulu donner une vraie profondeur aux personnages. On se met très vite dans la peau de l’héroïne. Midsommar est un film atypique, déconcertant et oppressant, avec de bons acteurs et très bien réalisé. On attend avec impatience les prochains films d’Ari Aster tant il nous a bluffé avec ses deux premiers films. Midsommar est le film d’horreur que j’attendais depuis longtemps.
Freya
Extraits vidéo :
Midsommar
Sortie: 2019
Durée: 147 minutes
Genre: horreur
Pays: Suède / Etats-Unis
Réalisation : Ari Aster
Production : Patrik Andersson et Lars Knudsen
Distribution : A24, Metropolitan (France)
Scénario : Ari Aster
Musique : The Haxan Cloak (Bobby Krlic)
Acteurs principaux: Florence Pugh (Dani), Jack Reynor (Christian), William Jackson (Josh), Will Poulter (Mark), Julia Ragnarsson (Inga), Vilhelm Blomgren (Pelle)
Budget : 9’000’000 $
Recettes : 42’291’572 $