Gaston Lagaffe (2018) *

Pierre-François Martin-Laval ou Pef, dans le rôle de Prunelle, rentre de vacances…

M’enfin ! Ils l’ont fait ? L’adaptation en film de la cultissime BD Gaston Lagaffe ? Même si je suis un très grand fan de mangas, je lis quelques BD et ma préférée à toujours étée Gaston Lagaffe. Néanmoins, adapter Gaston Lagaffe en film tient tout du projet casse-gueule.

 

En effet, la BD met en scène un jeune très sympa, Gaston, qui travaille aux Editions Dupuis. Enfin, travailler, c’est un grand mot, il est mou, extrêmement paresseux et il passe le plus clair de son temps à dormir ou bidouiller des inventions qui se terminent souvent en catastrophe. Gaston Lagaffe, c’est un gag par page, voir parfois sur une demi-page, et bien que j’adore la BD, pour moi, faire un film était une (très) mauvaise idée.

 

Le passe-temps préféré de Gaston…

Pour le pitch, fini les éditions Dupuis, cela se passe dans une start-up Au Petit Coin, qui rend « l’inutile utile » (ils achètent des objets ayant des défauts de fabrication (genre moufles sans pouce) en les revendant d’une autre manière). Prunelle (Pierre-François Martin-Laval, surnommé « Pef ») rentre de vacances et doit gérer l’entreprise jusqu’au retour du patron.

 

Si il ne dors pas, il invente quelque chose qui ne marche pas, au lieu de travailler…

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Un nouveau stagiaire, Gaston (Théo Fernandez) commence. Comme dans la BD, il accumule les gaffes, fuyant autant qu’il peut le travail pour piquer un petit somme ou inventer un objet qui soit ne sert à rien, soit provoque une gaffe. Prunelle ne le renvoie pas, car suite à un quiproquo, il croit que Gaston est le fils du patron, alors que le fils du patron, qui a commencé incognito, est pris pour le stagiaire et fait les tâches les plus ingrates.

 

Le célèbre gaffophone n’a pas été oublié…

Monsieur De Mesmaker (Jérôme Commandeur), un homme d’affaire, vient plusieurs fois dans l’entreprise avec sa secrétaire afin de faire signer un contrat en vue de racheter la start up (dans la BD, on ne sait jamais quels genre de contrats il veut signer et vient seul). A chaque fois, cela se termine en échec à cause d’une gaffe de Gaston.

 

Hormis, ses siestes et ses inventions bizarres, on voit une idylle naître entre Gaston et Mademoiselle Jeanne (Alison Wheeler), Gaston aux prises avec les amendes de l’agent Longtarin (Arnaud Ducret) et s’amuser avec ses potes Jules-de-chez-Smith-en-face (Jimmy Labeeu) et Bertrand Labévue (Esteban).

 

Ce n’est pas forcément un défaut, mais les acteurs ne ressemblent pas aux personnages…

 

Alors, que vaut ce Gaston Lagaffe ? Je trouvais que le film était une très mauvaise idée, que le charme, les gags et la tendresse de la BD ne pouvaient pas être transposé dans un film live, à l’image du navet Fais gaffe à la gaffe ! de 1981 (film officieux, reproduisant l’univers de la série avec des personnages différents). Bref, autant dire qu’il ne m’a pas du tout intéressé lors de sa sortie, m’attendant à un désastre. Et puis, un jour, OCS le diffuse, et bon je me dis « Allez, on verra bien ! ».

 

Il n’y a pas à dire, la BD est toujours aussi culte… contrairement au film…

Et bien, il est meilleur que prévu ! Attention, il reste mauvais, avec plein de défauts, mais 3-4 gags m’ont quand même fait rire et tout n’est pas à jeter.

 

Dans les points positifs, je pense que Pef (Pierre-François Martin-Laval) aime sincèrement la BD Gaston Lagaffe. Il a essayé de « bricoler » un film sans trop dénaturer l’œuvre à travers les gags repris des BD, et certains, comme le gaffophone ou le burn-out de Gaston, font rire. Quant à Théo Fernandez, je m’attendais à une catastrophe, mais c’est plutôt une bonne surprise, il interprète bien le personnage de Gaston, à travers sa posture, son caractère méga-mou et paresseux, ses inventions fantasques, tout en étant très sympa et attachant.

 

Alison Wheeler ne joue pas trop mal non plus, même si Mademoiselle Jeanne, qui est naïve dans la BD, devient un personnage superficiel et cruche sous son jeu. Enfin, même si c’est en filigrane, on peut voir une critique de la société de consommation et un (léger) message écolo, que véhiculait déjà la BD.

 

La jolie Alison Wheeler, une des rares actrices convaincantes du film

Pour le reste, on va rester poli, c’est raté. Si on peut comprendre que l’univers du film soit transposé de nos jours au lieu des années 60-70, ça ne fonctionne pas vraiment. La mise en scène de Pef est d’une incroyable platitude, tout comme la photographie. Seules quelques scènes relèvent un peu le niveau, mais pour le reste, on a plus l’impression de regarder un téléfilm. Comme je l’ai dit, quelques gags font mouche, mais beaucoup non. Ils ont beau être tiré de la BD, ils sont mal amenés ou mal joué et ils n’esquissent pas un sourire, alors que la BD est très drôle.

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Mais selon moi, le plus gros défaut du film vient des acteurs ou de la direction d’acteurs. Hormis Théo Fernandez et Alison Wheeler, qui sont potables, ils sont tous très mauvais. Pef, qui interprète aussi Prunelle, en fait des caisses et hormis ses «Rontudju!», on ne retrouve pas le Prunelle de la BD.

 

Arnaud Ducret absolument insupportable en agent Longtarin

Jérôme Commandeur est encore pire, mais la palme revient à Arnaud Ducret dans le rôle de l’agent Longtarin. Si Christian Clavier époque Les visiteurs joue un « sous Louis de Funès hystérique », Arnaud Ducret réussi l’exploit de jouer un « sous Christian Clavier hystérique » ! Il surjoue à mort, aucun de ses gags ne font rire, il est crispant et ruine toutes les scènes ou il apparaît. Il faut vraiment le voir pour le croire.

 

Malgré un budget très costaud de 18 millions d’euros, on se demande bien où tout l’argent est passé. Il n’y a en gros qu’un seul décor (la start up Au Petit Coin) et les quelques effets spéciaux, notamment pour le chat, sont juste dégueulasses !

 

Et pour finir, la BD a un ton qui s’adresse plutôt aux adolescents et adultes, alors pourquoi avoir voulu infantiliser le film ? Avoir de nouveaux fans de Gaston ? Ce n’est pas avec ce film qu’ils vont y arriver.

 

Sorti en salles le 4 avril 2018, précédé par des déclarations de la fille de Franquin qui détestait le film, Gaston Lagaffe a été un très gros échec au box-office, ne réunissant qu’un peu plus de 500’000 spectateurs et ne rapportant que 19% de son budget initial.

 

Relisez la BD plutôt que de regarder le film, il ne lui rend pas hommage, d’autant plus que Gaston Lagaffe, ce n’est pas que des gags, il y a aussi des messages ou critiques de la société…

Cela fait une quinzaine d’années que les studios français essayent d’adapter tous les héros de la bande-dessinée franco-belge pour un résultat le plus souvent mauvais. Peut-être que les gros flops (mérités !) de Les aventures de Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe les feront un peu réfléchir et arrêter de massacrer des BD cultes.

 

En bref, même si le film contient quelques bonnes idées, il n’en reste pas moins mauvais et ne s’adresse ni à un nouveau public, ni aux fans de la BD. Si vous voulez passez un bon moment avec Gaston Lagaffe, ne regardez pas ce film, mais replongez-vous dans les albums, qui sont excellents. Pour Gaston Lagaffe, le film, il est vivement déconseillé.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéos :

 

Bande-annonce

Extrait: la nouvelle porte des WC par Gaston…

 

Gaston Lagaffe

 

Sortie:                                  2018

Durée:                                  84 minutes

Genre:                                  comédie

 

Pays:                                    France

 

Réalisation :                         Pierre-François Martin-Laval (surnommé Pef)

Production :                         Romain Rotjman

Distribution :                        UGC Distribution

Scénario :                            Mathias Gavarry et Pierre-François Martin-Laval, d’après la bande dessinée « Gaston Lagaffe » d’André Franquin

 

Acteurs principaux:               Théo Fernandez (Gaston Lagaffe), Pierre-François Martin-Laval (Prunelle), Alison Wheeler (Mme Jeanne), Jérôme Commandeur (Mr. De Mesmaeker), Arnaud Ducret (Longtarin)

 

Budget :                                 18’000’000 €

Recettes mondiales:                3’620’000 €

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