La bête de guerre (1988) * *

Hormis Rambo 3 (1988), la guerre d’Afghanistan (1979-1989), qui opposa l’URSS aux moudjahidines a fait l’objet de très peu de films, du moins dans les pays occidentaux. Personnellement, à part La bête de guerre et Rambo 3, je n’en connais aucun. Mais les 2 ont le mérite d’avoir un discours et une histoire radicalement différente.

La guerre d’Afghanistan étant peu connue, petit rappel des faits (si cela ne vous intéresse pas, la suite de la chronique dans 2 paragraphes). En 1978, un coup d’Etat amène les communistes au pouvoir.

Mais leur alliance est fragile, des soulèvements et assassinats ont lieu dans tout le pays et, en 1979, l’URSS (leur allié) envahit l’Afghanistan pour aider le gouvernement communiste.

 

Dans quelques minutes, ce village n’existera plus…

La guerre s’enlise, les moudjahidines musulmans luttent farouchement et contrôlent la majorité du pays. Comme les Etats-Unis avec le Vietnam, les Russes vont connaitre la défaite en Afghanistan. Le retrait de l’Armée rouge a lieu en 1989, laissant plus de 500’000 morts derrière elle. Quant à l’Afghanistan, il entrera en guerre civile entre leurs différentes factions.

 

Si Rambo 3 est clairement un film d’action manichéen avec les méchants russes contre les courageux moudjahidines (d’ailleurs, le film leur est dédié… mais c’était qu’avant un certain Oussama Ben Laden, leur allié à l’époque, fasse des USA son pire ennemi avec Al-Qaïda et des dizaines d’attentats), La bête de guerre, réalisé par Kevin Reynolds en 1988, est nettement plus nuancé.

 

En 1981, au cours de la guerre d’Afghanistan, des chars de combat attaquent un village de civils, et le réduisent en cendres. Après le massacre, Daskal (George Dzundza), commandant tyrannique, cruel et paranoïaque d’un char russe, arrive dans ce qu’il reste du village et demande à leur chef où se cachent les rebelles. Refusant de répondre, Daskal ordonne à Koverchenko (Jason Patric) de l’écraser vivant avec son char !

 

 

En repartant, le char ne retrouve pas son convoi et se perd dans le désert afghan. Lors de l’arrivée des moudjahiddins, Taj (Steven Bauer), à présent chef du village (son père ayant eu une mort atroce), apprend d’une sentinelle que le char responsable s’est engagé dans une gorge qui n’a qu’un seul passage.

 

Possédant un lance-roquette, Taj et les moudjahidines décident de venger les civils tués et se lancent à leur poursuite. De leur coté, perdus et avec une radio qui ne fonctionne plus, l’équipage russe se rend compte qu’ils sont pris en chasse par les moudjahidines. Ils lançent ponctuellement des escarmouches, mais qui sont inefficaces (ils ont des vieux fusils contre un tank).

 

 

 

 

 

 

Koverchenko est laissé à la merci des moudjahidines et des loups

Darka s’imagine que le militaire afghan de l’équipage est un traitre, et l’exécute. Koverchenko, dégouté par l’inhumanité de Darka tente une mutinerie, mais échoue, les autre membres restant fidèle à Darka.

 

Koverchenko est abandonné par l’équipage dans le désert. Les moudjahidines plutôt que de le tuer, lui demandent si il sait utiliser un lance-roquette. Ayant vu ce que Darka a commis, il est d’accord de l’utiliser contre le tank… Quant à la deuxième partie du film, je laisse à ceux qui ont été intéressé par le pitch du film de la découvrir.

 

Bébés morts, mutilations,

brûlés vifs, écrasement vivant

par un tank, le début du film

est très dur…

 

Oui, les acteurs principaux sont américains

La première chose qui étonne avec La bête de guerre, c’est que les acteurs campant les soldats Russes, Taj et le film sont américains ! Ensuite, c’est que le film n’est pas manichéen. En effet, si au début, les Russes sont présentés comme des montres en détruisant un village civil, on aperçoit déjà des ravages du fanatisme religieux chez les moudjahiddins (je rappelle que le film est de 1988).

 

Georges Dzundza est épatant en tyran cruel et parano

Ou plutôt, d’un coté comme de l’autre, il y a des bons (Koverchenko, Taj) et des mauvais (Darka, moudjahidines qui pillent les ressources des villageois).

 

Malgré un bon sujet, un ton non-manichéen, une réflexion intéresssante sur la guerre, des acteurs impliqués (Georges Dzundza est épatant en monstre sanguinaire, Jason Patric et Steven Bauer très convainquants), les chasseurs devenant chassés et plutôt apprécié des personnes qui l’ont vu, j’ai du mal à accrocher à La bête de guerre.

 

Cela m’ennuie, car le film à plein d’arguments positifs, mais il n’arrive pas à me passionner. Je n’ai rien contre les films contemplatifs et métaphysiques. Beaucoup de films que j’apprécie ont un rythme lent, mais pas du tout chiant ! Mais pour La bête de guerre, hormis le prologue jusqu’à l’arrivée de Taj et les quelques escarmouches, qui sont bien rythmées, le film est lent, trop lent et, malheureusement dans son cas, souvent ennuyeux.

 

Les bonnes idées et intentions sont là (réflexion sur la guerre et ses ravages, suivre les ordres ou sa conscience,…), mais sont mal exploitées. Tout comme la fin, qui derrière son message sur l’absurdité de la guerre, laisse perplexe.

 

Koverchenko change de camp…

Au vu de ce que nous montre le film, je pensais que c’était un film à petit budget, mais il a tout de même coûté 8 millions ! A croire que la moitié du budget est partie dans la destruction du village, car pour le reste, il y a peu d’acteurs, et c’est uniquement tourné dans des paysages arides (le film a été tourné en Israël, mais rappelle les paysages afghans). Franchement, on se demande où le budget est parti, quand on sait, par exemple, que Platoon n’en a coûté que 6 !

 

La fin réserve des surprises et malgré un message évident, laisse perplexe…

Sorti en 1988, La bête de guerre est passé totalement inaperçu, ne récoltant que 160’000 dollars sur son sol (inconnu pour le reste du monde). Mais pouvait-il en être autrement ? Un film américain, qui parle du conflit entre Russes et Afghans et où les Afghans sont sous-titrés, ça ne pouvait clairement pas les intéresser (on parle des remakes US des films à succès à l’étranger ?).

 

En définitive, malgré un sujet trop souvent méconnu, de bons acteurs (Dzundza épatant !), quelques beaux plans, un film non-manichéen avec une réflexion sur la guerre et ses ravages, La bête de guerre m’a moyennement intéressé. C’est dommage, car on sent les bonnes intentions et les questions qu’il pose (faut-il suivre les ordres ou sa conscience ?).

 

Mais le film ne décolle jamais vraiment, car hormis le prologue et quelques scènes, le rythme est lent et ennuyeux. Sans parler de quelques scènes ultra-violentes qui peuvent en choquer plus d’un. A vous de vous faire votre propre avis, les critiques sont globalement plus élogieuses que la mienne, mais ce n’est que mon avis, et pas forcément le vôtre.

 

Hidalgo

 

Extraits vidéo :

 

Bande annonce vo

Extrait: problème d’obus (vf)

 

La bête de guerre

 

Sortie:               1988

Durée:               111 minutes

Genre:               Drame

 

Pays:                 Etats-Unis

 

Réalisation :      Kevin Reynolds

Production :       John Fielder, Christopher Dalton, Gil Friesen et Dale Pollock

Distribution :      Columbia Pictures

Scénario :          William Mastrosimone, d’après sa propre pièce de théâtre Nanawatai

Musique :           Mark Isham

 

Acteurs principaux:     Georges Dzundza (Daskal), Jason Patric (Konstantin Koverchenko), Steven Bauer (Taj), Donald Patrick Harvey (Kaminski), Kabir Bedi (Akbar), Erick Avari (Samad)

 

Budget :              8’000’000 $

Recettes (USA):    161’004 $

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.