Malgré quelques tentatives durant les années 80 (comme Les portes du paradis ou Silverado, chroniqué sur le site), le western était pour ainsi dire un genre mort depuis le début des années 70. Il faudra attendre le chef d’œuvre Danse avec les loups en 1990 pour que le western reprenne un peu des couleurs dans les années 90, avant de quasi-disparaître à nouveau.
C’est lors de ce « demi-revival » que Clint Easwood réalise Impitoyable en 1992, un western crépusculaire et une sorte d’adieu au genre qui l’a rendu célèbre.
En 1880 à Big Whiskey, une prostituée est défigurée au couteau par un cowboy sadique. Arrêté avec son complice par le shérif « Little Bill » Daggett (Gene Hackman), ils ne reçoivent comme peine qu’une amende de 7 chevaux à verser au propriétaire du saloon, qui est aussi le proxénète des prostituées. Ces dernières, indignées par la clémence du shérif, décident de se venger et promettent une récompense de 1000 dollars à celui ou ceux qui tueront le coupable et son complice.
Dans une femme isolée, William Munny (Clint Easwood) élève des cochons avec ses 2 jeunes enfants. Munny était autrefois un tueur impitoyable, mais la rencontre avec sa femme le transforma complètement, cessant l’alcool et les meurtres. Sa femme mourut 3 ans auparavant et l’élevage de cochons est difficile.
Le Kid de Schofield (Jaimz Woolvett) vient le voir, lui parle de la prostituée qui a été défigurée et de la récompense pour la venger.
Il propose à Munny de s’associer avec lui. Munny refuse dans un premier temps, mais ayant besoin d’argent pour assurer le quotidien de ses enfants, il accepte. En chemin, il retrouve son ancien comparse, Ned Logan (Morgan Freeman), devenu paisible fermier comme lui, qui se joint à eux.
En ville, Daggett a eu vent de la récompense offerte. Etant un ancien tueur, Daggett fait régner l’ordre sans aucun scrupule dans la ville, menaçant les prostituées et se montrant très brutal avec English Bob (Richard Harris), un tueur à gage attiré par la récompense.
Lorsque Munny, Logan et le Kid arrivent, ils font profil bas. Mais Daggett va aller trop loin. Et Munny va redevenir l’homme impitoyable qu’il était…
Lorsqu’Impitoyable sortit, il acquit presqu’instantanément le statut de film culte. Agé de 62 ans à l’époque, Impitoyable fut considéré comme le chant du cygne de Clint Eastwood, dans le genre de films l’ayant fait connaître.
Impitoyable est ce que l’on appelle un western crépusculaire. C’est un genre qui met souvent en scène des héros vieillissants, fatigués et désabusés.
Comme dans les westerns spaghettis, les protagonistes ont tout de l’antihéros, les notions de bien et de mal s’entremêlent et ils n’hésitent pas à trahir pour servir leurs propres intérêts.
Enfin, ces films se déroulent à la fin de la conquête de l’ouest, et ils dégagent souvent un sentiment nostalgique et mélancolique d’une époque révolue.
L’investissement de Clint Eastwood (il est réalisateur, producteur, acteur et compositeur sur le film), son âge et la qualité du film expliquent que pour beaucoup, c’était son film testament. A l’époque, personne ne prévoyait que 30 ans plus tard, il tournerait et réaliserait toujours des films, excellents pour la plupart.
Pour moi, son film testament, c’est La mule, un excellent film qui lui permit également de se réconcilier avec sa véritable fille, Alison, qui joue le rôle de… sa fille. Mais je digresse, revenons-en à Impitoyable.
Impitoyable est sans conteste un grand film et un grand western. La seule chose que l’on peut regretter, c’est la quasi absence de superbes panoramas, de plans iconiques ou contemplatifs. Clint Eastwood n’a jamais été un grand esthète dans ses films, privilégiant toujours le récit et les personnages. Et sur ce point, il n’y a rien à dire, l’interprétation de tous les acteurs est parfaite.
Clint est excellent en héros fatigué et désabusé, où le souvenir de sa femme est plus présent que jamais, Morgan en ami fidèle ou Gene Hackman, qui n’a pas son pareil pour incarner les pires ordures. Son Oscar du meilleur second rôle masculin est amplement mérité. Les prostituées sont touchantes tout en restant dignes, et Richard Harris est comme toujours très bon.
La surprise provient de Jaimz Woolvett dans le rôle du Kid, le tueur inexpérimenté et myope. Vu son interprétation, il était promis à une brillante carrière, mais elle ne décollera jamais.
Cantonné à faire le guest dans des séries tv ou tourner dans des films et téléfilms obscurs, il a mis fin à sa carrière en 2009 !
Pour certains, Impitoyable est le dernier grand western a avoir été réalisé. Je ne partage pas cet avis. C’est l’avant-dernier. Il y a un autre très grand western réalisé en 2003 et qui est selon moi de la même qualité, c’est Open Range, de et avec Kevin Costner (chroniqué sur le site). Et puis bon, de bons westerns continuent de sortir ponctuellement, comme par exemple le remake de 3h10 pour Yuma (2007).
Je ne vais pas beaucoup m’étendre sur Impitoyable. Il reçu 4 Oscars, parmi les plus prestigieux (meilleur film, réalisateur, montage et meilleur second rôle pour Gene Hackman) et mérite amplement son statut de film culte.
Porté par Clint Eastwood, avec un trio d’acteurs exceptionnels (Eastwood, Freeman, Hackman), avec des seconds rôles très loin de démériter et une histoire poignante et émouvante, Impitoyable nous propose un western particulièrement sombre. Il arrive à s’inscrire dans la lignée des grands classiques du genre, tout en apportant de la nouveauté dans son approche et ses thématiques. A voir ou revoir sans modération !
Hidalgo
Extraits vidéo :
Impitoyable
Sortie: 1992
Durée: 131 minutes
Genre: Western
Pays: Etats-Unis
Réalisation: Clint Eastwood
Production: Clint Eastwood, David Valdes, Julian Ludwig
Distribution: Warner Bros.
Scénario: David Webb Peoples
Musique: Lennie Niehaus, Clint Eastwood
Acteurs principaux: Clint Eastwood (William Munny), Gene Hackman (Bill Daggett), Morgan Freeman (Ned Logan), Frances Fisher (Strawberry Alice), Richard Harris (English Bob), Jaimz Woolvett (le Kid de Schofield)
Budget: 14’400’000 $
Recettes : 159’157’000 $
Récompenses :
Oscars 1993
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleur second rôle masculin (Gene Hackman)
Meilleur montage
Golden globes
Meilleur film dramatique
Meilleur scénario