Les films catastrophe sont apparus en 1970 avec le film Airport, mais c’est surtout le succès en 1972 de L’aventure du Poséidon qui lancera le genre. Très populaires dans les années 70, ils disparaitront des écrans au début des années 80, notamment à cause de leur surexploitation (à quand la même chose pour les films de superhéros ?).
Les avancées dans les effets spéciaux (surtout numériques) relanceront le genre dans les années 90 jusqu’à nos jours.
Parmi les films les plus célèbres, on peut citer Independance Day, Armageddon, Titanic, 2012 ou, plus récemment, San Andreas et Geostorm. Et niveau réalisateurs, presque tous les films de Roland Emmerich sont des films catastrophe (de qualité inégale, certains étant même une catastrophe).
Cette chronique va s’attaquer à un des films catastrophe les plus connus, et que beaucoup considèrent comme le meilleur film catastrophe des années 70, voir le meilleur film catastrophe tout court, La tour infernale (1974).
L’architecte Douglas « Doug » Roberts (Paul Newman) se rend en hélicoptère à San Francisco sur la tour la plus haute du monde (550 mètres), surnommée la « Tour de verre », qu’il a conçue. Jim Duncan (William Holden), le promoteur, l’accueille chaleureusement. Jim a de grands projets pour construire d’autres très grandes tours et il voudrait que Doug les dessine et les conçoivent. Mais Doug a décidé que sitôt l’inauguration de la tour terminée (qui a lieu le soir), il prend 2 années sabbatiques dans la nature.
Arrivé à son bureau, Doug rencontre Susan (Faye Dunaway), qui lui a préparé une rencontre romantique dans la chambre attenante à son bureau. Mais, au même moment, lors des tests, un générateur provoque un court-circuit. Doug se rend sur place pour voir ce qui s’est passé.
Il constate que les câbles ne sont pas ceux qu’il avait demandés, ceux dans les générateurs étant de moins bonne qualité et non isolés. Il en parle à Jim, qui convient qu’il a fait certains aménagements. Doug suggère de décaler l’inauguration de la tour afin de faire des vérifications, mais Jim refuse.
Doug décide d’aller voir Roger Simmons (Richard Chamberlain), le gendre de Jim et l’ingénieur électricien de la tour. Il lui confirme qu’il n’a pas respecté les normes que Doug avait demandées pour économiser de l’argent.
Doug est furieux, et veut tous les schémas et bons de commande de Roger pour le lendemain. C’est alors qu’un court-circuit se produit dans un local technique de la tour, et l’alarme ne réagit pas.
Comme prévu, la cérémonie d’inauguration a lieu le soir même, avec des personnalités politiques et des célébrités. Tous célèbrent l’inauguration au sommet de la tour, au 135e étage. Mais l’installation électrique défaillante, et d’autres lacunes de sécurité étendent l’incendie et en provoquent d’autres dans la tour.
Finalement, l’incendie est déclaré. Le colonel des pompiers, Michael O’Hallorhan (Steve McQueen) arrive sur place. Avec son équipe et aidé de Doug, ils vont tenter de sauver les 300 invités piégé au sommet, alors que le feu se propage rapidement dans toute la tour et qu’une évacuation par le toit est impossible.
Voici pour la trame de base, je ne tiens pas à vous gâcher le visionnage de ce film. Pour le reste, nous sommes dans un film catastrophe avec tout ce que cela implique. Une grosse demi-heure pour présenter les personnages principaux, une catastrophe arrive, les survivants vont vivre pleins de péripéties, certains vont mourir, beaucoup de suspense, etc. Oui, La tour infernale respecte le cahier des charges. Mais s’il est toujours considéré comme l’un des meilleurs films catastrophe jamais réalisés, c’est parce que le film est fait avec beaucoup de talent et ce à tous les niveaux.
Il faut savoir qu’à la base, la 20th Century Fox acheta les droits du roman The Glass Inferno et, presqu’au même moment, Warner Bros. fit de même avec The tower. Pour éviter de se concurrencer, les 2 studios s’associèrent pour produire le film, chacun à part égale.
D’où une superproduction au budget énorme de 14 millions de dollars (les blockbusters n’existaient pas encore). Pour la distribution, la 20th Century Fox s’occupa des Etats-Unis, et la Warner Bros. du reste du monde.
Tout d’abord, le scénario de La tour infernale est un mélange des 2 romans précédemment cités et il est vraiment très bon. C’est sans temps morts, avec des personnages travaillés, beaucoup de péripéties, des retournements de situation, des moments forts, du suspense, etc…
Même si le film est fait « à l’ancienne », avec du matte painting et des maquettes, le résultat était du jamais vu à l’époque. Les décors sont impressionnants par leur taille et le souci du détail. Une cinquantaine de décors furent construits, dont un énorme qui reproduisait plusieurs étages de la tour, et presque tous finirent calcinés.
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Pour les effets spéciaux, certains, comme l’hélitreuillage de Steve McQueen ont certes vieilli, mais les scènes d’action, avec ces incendies qui se propagent lentement et surement restent très impressionnants 46 ans après la sortie du film. Le coté « réaliste », y est sans doute pour beaucoup, car les décors ont réellement brûlé avec les acteurs essayant de survivre au milieu, sans aucun effet numérique.
Si le film est très bien réalisé, que ce soit pour les scènes classiques ou celles d’action, c’est probablement parce qu’on utilisa 2 réalisateurs sur le film ! John Guillermin s’occupa de la partie classique et Irwin Allen de la partie action! Et pour la musique, on fit appel à un compositeur encore peu connu, un certain John Williams !
Quant aux acteurs, on a un des castings les plus prestigieux de l’histoire avec beaucoup de grandes stars de l’époque. Déjà en engageant Paul Newman et Steve McQueen, qui étaient à l’époque les acteurs les mieux payés au monde.
Et les autres acteurs sont loin d’être des inconnus, avec Faye Dunaway, William Holden, Fred Astaire, Susan Blakery, Richard Chamberlain, Jennifer Jones, Robert Vaughn, Robert Wagner ou Susan Flannery!!! Que des pointures! Et vu le pedigree des acteurs, tous sont très bons !
Il y eu quelques soucis d’ego entre Paul Newman et Steve McQueen, les 2 voulant être la star du film. Mais ce fut surtout Steve McQueen qui fit des caprices. Qu’il demande qu’on fasse de nouveaux casques de pompiers pour mieux voir les visages passe encore, mais il exigea d’avoir exactement le même nombre de répliques que Paul Newman, et de ne pas être dérangé par des visiteurs.
Malgré l’association de 2 studios différents, l’énormité du budget, le casting très prestigieux et l’ambition du film, c’est impressionnant que La tour infernale soit à ce point une réussite à tous les niveaux ! Ce ne serait plus possible de nos jours, le film aurait été beaucoup plus aseptisé et pondéré par les équipes marketing, avec des ajouts inutiles au récit (genre sidekick sensé être drôle, minorités ethniques, etc…).
Bien sûr, le film n’est pas parfait. 3-4 effets spéciaux sont datés (sans faire cheap) et il y a quelques longueurs, spécialement dans les 30 premières minutes, lorsque l’on présente les personnages. Alors oui, le film est long (2h45), mais on ne voit pas le temps passer, tant le scénario que la réalisation ou les acteurs sont convainquants !
Ce film, ainsi que la construction des 2 Worlds trade center (inaugurées en 1973) renforça les règles de la sécurité concernant la construction de gratte-ciel aux Etats-Unis. C’est effarant quand on pense que la scène où Paul Newman explique à William Holden tous les disfonctionnements dans la tour qu’il a constaté, c’était légal à l’époque ! On peut remercier le film d’avoir contribué à rendre les tours plus sûres.
Petite parenthèse, la tour de verre décrite dans La tour infernale mesure 550 mètres! Il ne sera « battu » qu’en 2010 avec la Burj Khalifa de Dubaï qui mesure 828 mètres. Et actuellement, on construit des tours encore plus hautes ! Espérons qu’ils privilégieront la sécurité, et non le profit comme dans le film.
Lors de sa sortie en 1974, La tour infernale fut le deuxième plus gros score au box-office avec 116 millions de dollars (USA uniquement). Il remporta 3 oscars (plus 6 nominations) et Fred Astaire reçu le Golden globe et le BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle, qui est épatant en sympathique et attachant petit magouilleur.
Pour résumer, La tour infernale est un excellent film, et mon film catastrophe préféré. Un film culte, qui vaut franchement le détour. Il a très bien vieilli (malgré 2-3 effets spéciaux datés), a un très bon scénario, d’excellents acteurs, très bien réalisé, avec des scènes d’anthologie, des incendies très impressionnants et un suspense de tous les instants. A voir ou à revoir, et si vous avez du mal avec les vieux films, essayez quand même, cela m’étonnerait que vous soyez déçus.
Hidalgo
Extraits vidéo :
La tour infernale
Sortie: 1974
Durée: 165 minutes
Genre: film catastrophe / drame
Pays: Etats-Unis
Réalisation : John Guillermin et Irwin Allen (action)
Production : Irwin Allen et Sidney Marshall
Distribution : 20th Century Fox (USA), Warner Bros. (reste du monde)
Scénario : Stirling Silliphant, d’après les livres The Tower, de Richard Martin Stern et The Glass Inferno, de Thomas N. Scortia et Frank M. Robinson
Musique : John Williams, Al Kasha et Joel Hirschhorn
Acteurs principaux: Paul Newman (Douglas « Doug » Roberts), Steve McQueen (Michael O’Hallorhan), William Holden (Jim Duncan), Faye Dunaway (Susan Franklin), Fred Astaire (Harlee Clairborne), Susan Blakery (Patty Simmons), Richard Chamberlain (Roger Simmons), Jennifer Jones (Lisolette Mueller)
Budget : 14’000’000 $
Recettes (USA): 116’000’000 $
Récompenses :
Oscars
Meilleure photographie
Meilleur montage
Meilleure chanson (We May Never Love Like This Again)
Et 6 nominations aux oscars, pour : meilleur film, meilleur acteur dans un second rôle, meilleur décors, meilleur son, meilleure musique et meilleure partition de chansons
Golden Globes
Meilleur acteur dans un second rôle
BAFTA
Meilleur acteur dans un second rôle
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